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244 UNE VISITE A L'EXPOSITION. une vieille lampe, un ehelu. Charmant tableau digne de l'im- mortel fabuliste qui a inspiré le peintre. Troisième galerie de peinture. On y voit un grand poitrai l d'Isidore Hedde* voyageur intelligent et courageux que la France a envoyé en Chine, pour assurer son commerce. D'abord M. Heddc a rencontré beaucoup d'épines, qu'il a su écarter d'une main vaillante. Les fils du ciel ne voulaient pas recevoir ces païens de Français » mais avec toute l'habileté, toute la prudence, tout le patriotisme possible, M. Hedde a triomphé, et voici ,nos com- merçants admis dans ce pays bleu de la Chine. Aussi la France a décoré M. Hedde, et l'on a mis son image à l'Exposition, où on le voit entouré, comme de juste, des différents produits du Céleste Empire. J'aime beaucoup cette jeune paysanne désolée, devaat sa cru- che en morceaux. Il faut être hardi pour peindre des cruches cassées, après Greuze. Eh bien ! je vous assure que celle-ci est charmante. La jeune fille a une pose si naturelle, si naïve ! ses bras sont si beaux ; sa figure rose, avenante, son corsage rayé de rose aussi, tout, jusqu'à ses bas bleus, qui n'ont rien de l'élégance des bergères de Florian, tout cela fait sourire. Quatrième salle. Eo ce temps de positivisme, il est bieu doux de voir que l'on rend, hommage à la Poésie ! Voyez un de ses plus nobles représentants. Regardez ce beau buste en marbre par Textor. C'est le poète inspiré, recevant les révélations de la Musc et les rayons d'en haut, qui viennent se jouer sur son grand front rêveur. C'est Souîary, la gloire de sa ville natale et de la France entière. C'est un chantre hors ligne; c'est une illustra- tion bienveillante, qui ne compte q< edes sympathies. Ce marbre vivant méritait bien une place d'honneur, à tous les titres. J'ai vu ailleurs une toile reproduisant les traits da Pierre Dupont, l'auteur des Bœufs, des Sapins, du Bêve du paysan et d'autres œuvres populaires ; et dans une salle de statuettes, se trouve un médaillon en bronze de Roumamlle, le poète félibre d'Avignon, qui chante, en son doux dialecte, presque plus doux que l'italien de Pétrarque, assure-t-on. Vivent la Poésie et les poètes ! que l'on me permette ce cri.