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444 FRANÇOIS LEPAGE. dont on ne pouvait se lasser d'admirer les rares qualités. Non-seulement le sujet révélait un penseur, mais l'exécu- tion ferme, finie, bravant toutes les difficultés et les sur- montant, dénonçait un maître du pinceau. La mode n'était pas encore de peindre avec un balai de décorateur, de faire de l'a peu près, de jeter des couleurs au hasard et de viser à l'effet comme le peintre des théâtres. Marbre, fleurs et terrain étaient étudiés avec soin, rendus avec vérité et pouvaient supporter l'examen. La toile repré- sentait la Tombe d'une jeune fille. Au pied d'une croix était un bouquet avec un parchemin sur lequel étaient écrits ces vers éternellement beaux, éternellement douloureux : Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin. La toile était signée François Lepage. C'était la révéla- tion d'une âme tendre et délicate, d'un artiste dans la haute acception du mot. Pour la première fois, peut-être, on voyait une composition de fleurs relevée par une pensée religieuse et poétique. Le tableau eut un succès complet ; il valut à son auteur une médaille d'or. Acheté peu après par un Lyonnais, M. de Cazenove, qui venait de perdre sa fille, il revint à Lyon entretenir ou charmer une de ces douleurs dont on ne se console pas, en même temps qu'il consacrait une réputation que le temps ne devait qu'af- fermir. En 1824, Lepage fut nommé professeur au lycée; on sait que cet 'tablissement tient à la renommée de ses professeurs. En 1826, une ordonnance royale appela notre jeune et brillant artiste au professorat de l'Ecole de Saint-Pierre. Là se révéla surtout son talent pour l'en- seignement. On sait qu'il n'est pas donné à tout le monde de savoir enseigner. Lepage fit des élèves qui, dans la