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L'ÉGLISE DE LALOUVESC. 12S style religieux. Dans ce vigoureux mouvement de libre- pensée, le grand artiste a communiqué en même temps une suprême vigueur à son génie, Il s'est élevé, par ses propres forces, au-dessus de ce terre à terre de la com- position dont ne peuvent se dégager les intelligences alourdies par le travail mécanique de la copie. Que l'on discute plus ou moins son style, ce style restera, et rien ne le fera disparaître ; il aura un jour la destinée de tous ceux du moyen-âge, et comme ceux-ci, il deviendra à son tour un élément de copie ; il fera école. On lui re- connaîtra, plus tard mieux encore qu'aujourd'hui, les qualités fondamentales et le grand enseignement qu'il porte en lui-même dans la pratique du bel art qu'il re- présente. S'il est vrai que le génie, comme l'oiseau aux ailes vigoureuses, dédaigne une pâture facile et se plait aux difficultés de la lutte pour trouver un aliment de son goût, la petite église que nous allons examiner en est la preuve. Une des principales difficultés du programme proposé à l'architecte, c'était de donner de l'élégance à un édifice de proportions trapues. Nous verrons de quelle manière le savant artiste a su appliquer les ressources de son talent à la solution de ce problème ; et bien qu'au moment où nous l'avons visitée, cette église ne présentât que son abside flanquée de deux bras de croix et une travée de la nef principale, nous ne saurions dire tout le charme que nous avons éprouvé à la contempler pendant quelques heures. Le moyen âge, nous le savons, nous a laissé d'im- posants souvenirs de ses constructions religieuses ; mais quand on analyse attentivement ses œuvres, on s'aperçoit bien vite du manque de synthèse dans l'en- semble et des disparates choquantes d'une foule de détails,