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              SOCIÉTÉS PROTECTRICES DE L'ENFANCE.          418

   « Aussi, remarque judicieusement Montalembert, l'An-
«  gleterre est de toutes les races modernes et de toutes les
«  races chrétiennes celle qui a le mieux conservé les trois
«  bases fondamentales de toutes les sociétés dignes de
«  l'homme : l'esprit de liberté, l'esprit de famille, l'esprit
«  religieux (1). »
   La coïncidence de l'acceptation du devoir de la mater-
nité avec la puissance de l'ancienne Rome, et sa décadence
avec l'abandon de la loi sont des faits qui ont trop d'analo-
gie pour ne pas être admis comme un enseignement.
   En somme, les nations qui conservent le sentiment de
la paternité etrestent fidèles aux obligations qui s'y rappor-
tent sont celles où les liens de famille sont les plus forts,
où l'esprit national offre le plus d'unité, où les traditions
religieuses et morales sont les plus respectées.
   On peut conclure de ces faits que c'est à l'infaillibilité
des phénomènes qu'on reconnaît les lois d'essence divine.
   Ce qui précède me semble démontrer que la question
devrait être remise à l'étude, afin de savoir si au premier
âge le lait suffit à toutes les exigences du nourrisson, si
le reproche adressé à la généralité du public de s'intéresser
plutôt à la Société protectrice des animaux qu'à celle de
Venfance est bien fondé.
   Pour ma part, je repousse le blâme, ne comprenant pas
que des étrangers, quelque honorables et bien intentionnés
qu'ils soient, puissent s'interposer entre les époux et le
nouveau né d'une manière utile et avantageuse.
   Ma conviction prend sa source dans le sentiment inné
profond des exigences exceptionnelles de l'enfant, qu'il ne
faut pas comparer avec celles de la brute.
   L'enfant à la mamelle possède des aptitudes qui ne peu-
vent trouver une complète satisfaction qu'au centre de la
famille ; tout autre milieu ne peut que lui être funeste.
   « Quand la famille n'est pas, dit le père Gratry, l'indi-

    (1) Montalembert, Les Moines d'Occident, t. m, p. 7.