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APPROCHE, SI TU ES HARDI ! i. LA MAISON DES FAYOLLES. Des journaliers de Renaison terrassaient au revers du Pycorbé près du village des Figollets et de la Pire-Longe, avec eux Clément Favier, jeune valet de chez Mivière; mais le gars appuyé sur son pic laissait l'ouvrage languir et semblait en continuel songe et rêvasserie. — Réveille-toi, montagnard, lui crièrent les autres; pour un conte des fées ou de sorcier, te voilà toute une journée l'âme à l'envers. Une pierre ne peut pas être plantée droite ou mise en tas sur quelques autres que tu y trouves une signification; tu sais quand volent les groles où elles vont; tu vois clair la nuit; tu entends des musiques dans le souf- fle de l'aurisse ; et, sans savoir lire, ni écrire, tu nous dis des choses de l'autre monde. — M'est avis que la Pire-Longe n'a pas été fichée là sans raison. Il y en avait autrefois trois ou quatre alignées comme ça, marque d'un sortilège ; ah! celui qui le devine" rait ferait sûrement sa fortune. Quant à un trésor, il y a de l'argent aux Pierres-Saint-Martin. Dommage que les pi- queurs de pierre aient à moitié détruit le roc, on y voyait le manteau du saint, son écuelle, son chevet, un coussin pour s'agenouiller, et mêmement un autre petit creux taillé en forme de selle pour faire asseoir son estafier (1). (1) Pierre longue, menhir, les pierres Saint-Martin, les pierres sculp- tées, la grotte des fées ou Fayolles, la découverte des couteaux de fer dont il est question dans ce chapitre sont réelles.