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48 LA NOUVELLE CHAPELLE DE FOURV1ÈRE. jours. Remarquons, en effet, que le moyen-âge a charmé par des rapports de proportions, par des hardiesses et des effets de contrastes, mais rarement par la beauté de la forme. Ce point fondamental de l'esthétique était plutôt pressenti que professé en connaissance de cause; il n'était pas, comme on le rencontre dans toute l'œuvre de Fourvière, le résultat d'une étude constante et rai- sonnée qu'on pourrait appeler la rhétorique de l'art. Cette éloquence des lignes et de la forme est manifeste dans toutes les parties de l'œuvre architecturale qui nous occupe. Le galbe du couronnement des tours mérite particulièrement, à cet ég-ard, quelque attention. Flèches ou dômes, si élégants qu'on les suppose, ont donné depuis longtemps leur note suprême, leur dernier mot. On sait à quoi s'en tenir sur l'effet de ces sortes d'amortissements des clochers que l'on rencontre partout. L'architecte de Fourvière pouvait, mieux que bien d'au- tres, nous donner un spécimen parfaitement réussi de l'une ou de l'autre de ces deux formes; il ne l'a pas jugé à propos. Ce n'est pas une inovation de sa part, c'est un retour à un principe d'esthétique que l'on a trop long- temps perdu de vue et qui avait ici logiquement sa rai- son d'être. Les tours doivent avoir 42 mètres de hauteur à leur plate-forme ; le point d'arrêt de cette élévation, déterminée d'après celle de la nef, devait être indiqué par un trait vigoureux. Le parti de la ligne horizontale répond parfaitement à ce programme et satisfait com- plètement le regard dans cette observance stricte des lois des proportions. L'œuvre n'a rien perdu dans cette détermination. Au lieu du cône de la flèche, ou de la forme ballonée de la coupole, c'est une couronne que l'architecte a posée sur la tête de ses clochers. Ces quatre tours portent vraiment au fronton un bandeau royal de