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                      1ES MARRONS DE LYON                      537

 CON, appartiennent au Beaujolais et se récoltent dans l'arron-
 dissement de Villefranche (Rhône). L'observation n'est pas
 nouvelle, car elle est due à P. Batillat, savant œnologue. On
 lit dans ses notes statistiques : « Les meilleurs vins de Mâcon
 proviennent de Chénas, Fleury, Le Vivier, Poncié, etc., etc.
 Viennent ensuite les vins de Lancié, des Peloux, Brouilly,
 plus colorés que les précédents, ainsi que ceux de Saint-La-
 ger, Juillenas, Morgon et autres. »
     Tous ces crûs, confondus par les consommateurs parisiens
 sous le nom générique de Mâcon, pourraient, à bon droit,
 être revendiqués par la vieille province lyonnaise, qui se dé-
 sisterait volontiers de toute prétention sur les trarrons d'Au-
 benas. L'erreur provient de ce que le premier imporlateur de
 nos vins à Paris fut un Maçonnais pur sang. C'était, en 1690,
 Claude Brosse, bon propriétaire de vignobles, doué d'un tem-
 pérament vigoureux et d'une taille colossale, prit un jour la
 résolution d'aller voir sa fille, mariée à Paris. Il fil le voyage
en un mois, sur une charrette chargée de provisions de bou-
che. Brosse y avait joint pour son usage deux ou trois pièces
de son vin de prédilection.
    A Paris, on lui fit grand accueil, et son gendre trouva
moyen de le conduire à la messe du roi, à Versaille. Louis XIV,
en entrant dans la chapelle, aperçut les cheveux blancs du
paysan maçonnais qui dominait de la hauteur de sa tête toute
l'assistance.
    — Allez, dit le roi au gentilhomme de chambre, com-
mander de ma part à ce vieillard de s'agenouiller !..,
    — Sire, rapporta le gentilhomme, il est à genoux sur le
carreau !
    Louis XIV, stupéfait, donna l'ordre de lui présenter Claude
Brosse à l'issue de la messe. Ayant appris qu'il.avait apporté
du vin de Mâcon, il exprima le désir d'en goûter, et donna
une commande, qui devint une fourniture annuelle régulière
et de plus en plus importante.
    L'engoûment de la cour gagna la ville, les vins de la
vallée de la Saône furent bientôt populaires à Paris; mais
rien, jusqu'à ce jour, n'a pu changer leur dénomination pre-
mière. En dépit de toute étiquette, ce sont des vins de Mâ-
con, du Beaujolais, pas un mot!
                                             Martin REY.