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446                   LA DAME AUX BÊTES.

du pays les plus soignés dans leur mise et les plus amoureux
de leur toilette. On concevra de suite combien l'essor tout na-
turel de son attachement pour sa tante était entravé par le
rempart de bêtes nuisibles à tout costume dont elle vivait
entourée. Les visites qu'il lui faisait étaient presque des actes
d'héroïsme de sa part ; il ne pénétrait qu'en tremblant dans
cette maison où l'attendaient les salissantes caresses de la
chienne et de la chatte, qu'il recevait avec une fureur dont il
avait mille peines à contenir les élans.
    Il sortait de chez sa parente plein d'humeur, de poils, de
puces, de crotte en hiver, de poussière en été, et il s'enfuyait
chez lui, où il se débarrassait, armé de brosses et d'épongés,
des dépouilles animales récoltées quand il avait dû recevoir
à bras ouverts Diane en entrant, Doxine sur ses genoux, et
attraper sur son chapeau quelques preuves marquantes de sa
tournée au pigeonnier. Mais ce qui l'exaspérait le plus était la
fourrure de la chatte, qui, une fois attachées ses vêlements,
résistait à la brosse la plus forte sans les abandonner. Il réso-
lut de se débarrasser de celte horrible bête â tout prix, et
l'idée de l'empoisonner lui vint d'abord, mais craignant d'être
découvert il renonça à ce moyen et Gl l'emplette d'un su-
perbe chien de Terre-Neuve, qui, indépendamment de tirer
son maître de l'eau quand ily tomberait, avait la spécialité
de tuer les chats avec une aisance et une promptitude inap-
préciables : il les saisissait sur la nuque, les tournait en l'air
en leur brisant l'épine dorsale, et crac ! la bêle ne rebougeail
plus.
    Accompagné de ce magnifique animal, il se rendit au
domicile de sa tante , qui, le voyant arriver dans l'avenue
conduisant chez elle, accourut à sa rencontre et le félicita
d'abord sur sa superbe acquisition; mais, tous deux parvenus
au seuil de l'édifice, lorsque Doxine voulut comme à l'ordi-
naire témoigner au visitant son plaisir de le revoir, le chien,