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344 DEUX ITINÉRAIRES tit glacier qui couronne la crête du passage, nous sommes à la cime du col de Montemoro, et nous faisons une halte pleine de charme au milieu des scènes admirables qui nous entourent. Ce col est à 9,100 pieds au-dessus du niveau de la mer; le panorama est plein de magnificence et de majesté. Un amphithéâtre de hautes montagnes aux découpures va- riées nous environne : parmi elles on distingue les masses éblouissantes du Weisthor et du Jazzi, et la silhouette ra- vissante du Mont-Rose que nous voyons vers la face oppo- sée à celle que nous avons comtemplée au St-Théodule. A nos pieds s'étage le bassin deMacugnaga avec ses nombreux hameaux parsemés sur les flancs des montagnes, et sa végéta" tion luxuriante. Plus loin, le regard s'étend sur les vertes vallées d'Jtnzasca et d'Jnlrona, et se perd dans les chauds horizons de l'Italie. On ne saurait jamais oublier cette scène. Descente du Dlonlemoro pénible et rapide. Désagréable sur- tout a cause de l'entassement de rochers épars qui y sont amoncelés et contre lesquels le pied se heurte à chaque ins- tant. Le Mont-Rose que nous avons entrevu un instant dans sa splendeur, s'est voilé de nuages, et sa cime virginale est dérobée à nos regards depuis longtemps, quand tout à coup une eclaircie se fait : le soleil couchant noyé dans l'or et la pourpre l'inonde de ses rayons: c'est une'apparition magi- que, une révélation, un rêve enivrant. Cela ne dure qu'une minute, mais cette minute paie de mille fatigues. Voici les premières maisons de l'agglomération du hameau qu'on appelle Macugnaga : saluons en passant l'église dans le goût italien, et le vaste ossuaire qui l'accompagne; jetons un coup-d'œil de regret sur le Belvèdcr qui nous a été tant recommandé par ce voyageur émérite et dilettante qui a fait vingt-huit itinéraires dans les Alpes , M. François de M..., et que la nuit tombante nous prive d'aller visiter, et al- lons dormir sur les lits peu confortables de l'hôtel du Mont-