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                      DIVAGATIONS

      SUR LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS

                            EN 1856.




   Quel ravissement j'éprouve à l'idée d'avoir trouvé un su-
jet que sa vulgarité même avait empêché les écrivains de
choisir ! Qu'il m'est doux de penser qu'en prenant un texte
semblable pour mes réflexions j'éviterai la censure ombra-
geuse et l'attention haineuse des partis politiques et reli-
gieux, et que je ne saurais blesser les susceptibilités de qui
que ce soit ! En conscience, qui pourrait donc en vouloir ù
l'auteur qui prend la plume, abrité sous ce titre inoffensif et
pourtant d'un intérêt si général et si vaste :
                De la pluie "et du beau temps !
   Quelle passion serait réveillée par ces mots si calmes? La
pluie ! ce sujet tombé du ciel ne semble pas pour cela plus
céleste aux yeux du poêle et de l'amateur de la promenade
et de la nature : l'horticulteur a beau leur dire qu'elle favo-
rise son jardin, et l'agronome, qu'elle féconde son champ; il
est bien difficile de sympathiser avec leur indulgence pour ce
mois de Mai qu'on ne trouve plus admirable qu'en vers et
qu'on passe sous son parapluie. 11 taut convenir cependant
que l'année 1856 a été trempée outre mesure, et que ce qui
n'était qu'un contre-temps pour le promeneur est maintenant
devenu un désastre par les horribles inondations qui viennent
de désoler la France : hélas ! ne serait-ce point une puni-
tion du Ciel qui aurait voulu purifier le sol de l'Orient de tout