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DEUX ITINÉRAIRES DANS LES ALPES. 5e journée (11 août). En route avant l'aube, nous atteignons au soleil levant les derniers gradins du cirque verdoyant de Val-Tournanche, et nous pénétrons dans une gorge sauvage et profonde. Au fond mugit un torrent qui laisse a peine l'espace nécessaire pour le sentier que le voyageur suit en côtoyant le roc. Traversée du village de Jumont qui n'est qu'un assemblage de pauvres chalets alpestres. C'est la dernière possession du Piémont de ce côté-là . Aune heurede marche au dessus, nous trouvons la plaine de Breuil, vaste pâturage désolé et marécageux qui a dû être un lac dans les temps anciens. Ça et là encore quel- ques cabanes de pâtre, et, chose plus curieuse à une telle altitude, les ruines d'un vieux château-fort sur un roc es- carpé situé à la gauche du piéton venant d'Italie. C'est sans doute une antique forteresse bâtie par le Piémont pour la garde de ce défilé perdu dans les nuages. Elle sera tombée en ruines avant d'avoir servi à sa destination. La civilisation moderne a jeté, depuis peu une sentinelle avancée dans ces mornes et majestueuses solitudes, en créant une auberge assez confortable qui s'est mise, je crois, sous le vocable du Monl-Cervin. C'est probablement l'hôtellerie la plus élevée des Alpes. Nous y faisons un déjeuner arrosé de cet excel- lent vin muscat de Nebiole qui est une des gloires du pays d'Asti. A onze heures, après avoir gravi les moraines escar-