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DU MARÉCHAL CASTELLANE. 207 une politesse si parfaitement graduée et hiérarchique que la science de l'étiquette pouvait être considérée chez lui comme un talent supérieur. Il suffisait, pour en juger, de le voir, à ses dîners du lundi, offrir lui-même aux trente convives réunis à sa table, la bombe glacée qui était l'entremets invariable. — M. le Sénateur, aurai-je l'honneur de vous offrir de la bombe ? — Madame la comtesse de C , vous offrirai-je de la bombe? — Général N., je vous offre de la bombe? — Colonel P., de la bombe? Et ainsi de suite jusqu'au moins impartant des convives à qui il disait : — Monsieur D ?, — et rien de plus. Il est bien entendu que refuser sa bombe eût été un manque de savoir vivre inexcusê pour tout autre que l'égal du Maréchal. Le Maréchal représentait dignement ; sa maison était parfai- tement tenue, mais sans ostentation. Chaque lundi, il y avait dîner ou bal à l'hôtel de la rue Boissac ; dîner Tété, bal l'hiver. Pour les bals, les salons étaient ouverts à 8 heures et demie. A l'heure militaire, tous les officiers de l'état-major, rangés le long du mur, à côté de la porte d'entrée, à laquelle le Maré- chal faisait face, se tenaient prêts à offrir, à tour de rôle, le bras aux dames et à les conduire aux places qu'elles préféraient. Il fallait trois personnes, dont une femme, pour que l'or- chestre commençât : un valseur, une valseuse et un spectateur. Dès qu'il y avait deux dames le quadrille s'organisait. A minuit juste, les domestiques faisaient irruption dans les salons et éteignaient lampes et bougies Déroute générale. C'était pour cela peut-être que l'on s'amusait beaucoup aux bals du maréchal ; on aime une musique militaire qui passe, pré- cisément parce qu'elle passe. Nous avons dit que - Castellane imitait Frédéric. Il avait en effet, sur la discipline, des idées prussiennes : même inflexibi- lité, même raideur. Suivant lui, un soldat devait être partout un soldat : à la caserne, au bal, à la promenade, à table, au lit.