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554 DIVAGATIONS. voient à leurs pieds les flots de nains qui croyaient s'élever au-dessus d'elles et les remplacer. Avant de terminer cette longue divagation, je dois me reprocher de ne m'être pas assez occupé de son titre mê-re. La pluie et le beau temps méritaient certes une mention honorable plus longue et mieux motivée. Ce sont en effet les deux phases de l'atmosphère dans les- quelles la nature sourit à la terre et la féconde ; ce sont deux bienfaits de la Providence qui nous font remonter et rendre grâces à son auteur. Accoutumés à en jouir, nous en sentons moins par cela même toute l'immense utilité ; mais il n'est aucun être si mal doué par le Ciel, qui n'ait l'âme égayée , orsqu'un beau temps succède à des jours de pluie; le charme qu'il répand alors assoupit la douleur ; avec l'air plus pur et moins lourd qui circule, il semble que nos maux et ncs chagrins eux-mêmes sont allégés ; le soleil qui traverse les barreaux d'une prison en console le captif-, durant l'hi- ver, le foyer de sa lumière devient celui de l'indigence et il n'est pas un de ses rayons qui ne réjouisse notre globe et qui ne fasse briller avec sa douce chaleur des lueurs de plaisir chez les heureux et des éclairs d'espérance chez les infortu- nés. Et cependant, quand nous voulons accuser une conver- sation d'insignifiance et de nullité, nous disons m On a parlé de la pluie et du beau temps ! ! » Eh ! malheureux ! plaise à Dieu que vous ne parliez jamais, pour la plupart du moins, que de la pluie et du beau temps ! Vous n'auriez pas à vous reprocher tant de médisances, tant de calomnies, tant de propos imprudents! Sous le prétexte de dissentiments dans vos opinions politiques, vous ne répan- driez pas le fiel d'une basse jalousie sur des citoyens qui n'ont d'autres torts à vos yeux prévenus que d'être vos supé-