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                         NÉCROLOGIE.                       185
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   M de Magneval demeurera longtemps dans le souvenir de
tous ceux qui l'ont connu, comme la personnification la plus
accomplie des traditions du barreau. Sa réputation d'homme
de bien et son exquise délicatesse étaient connues de tous.
Un mois à peine avant sa mort, un jeune fonctionnaire sol-
licitait l'honneur de lui être présenté, uniquement pour
rendre un hommage désintéressé à l'honorabilité de son ca-
ractère.
   Mais sa modestie redoutait de tels hommages, et son âme
délicate fuyait le bruit et le grand jour. Pour apprécier
toute la valeur de cette nature d'élite que rehaussait une
courtoisie de gentilhomme, il fallait surtout le cercle in-
time de l'amitié et delà famille. C'est là que son excellent
cœur était à l'aise et que l'on goûtait la rare distinction
de son esprit.
   Depuis quelques mois, il semblait vraiment que Me de
Magneval avait le pressentiment de sa fin prochaine. Vive-
ment impressionné de la perte successive de ses vieux a.mis:
Genton, Vincent de Saint-Bonnet, Margerand, Frappet, nous
lui avons, à plusieurs reprises, entendu parler de la mort
avec un calme qui alliait à un stoïcisme antique toute la
résignation du chrétien : « Quand il plaira à Dieu, disait-il,
je suis prêt... » Ces sentiments de douce quiétude ne l'ont
pas abandonné jusqu'au dernier moment. Et il est mort,
laissant à tous ses jeunes confrères l'exemple de son amour
du travail, et de l'honorabilité de sa vie eritière qui semble
nous prouver que l'existence la mieux remplie n'est pas tou-
jours celle qu'ont illustrée les honneurs et les fonctions
publiques, mais celle qui renferme l'enseignement des
plus belles vertus.
                                        A.   VACHEZ.