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338                    DEUX ITINÉRAIRES

que fit des efforts héroïques pour atteindre jusqu'au point où
il était, mais gravir plus haut était une tâche impossible; il
avait trouvé là son necplus ullrà et les colonnes d'Hercule de la
gendarmerie. Il avait beau s'évertuer, les dimensions de son
individu ne iui permettaient point un pas de plus en avant.
En vain le timbre de sa voix était-il menaçant el sonore, une
sommation faite à 500 mètres de distance n'a guère d'effi-
cacité, et nos gaillards de la montagne se riaient de lui à
gorge déployée. Cette scène burlesque s'est prolongée, nous
a-t-on dit plus tard, pendant trois jours, au bout desquels
l'un des marchands de moutons qui s'était détaché sur Sion,
en rapportait une suspension de l'arrêté valaisan, et l'auto-
risation exceptionnelle d'introduire leurs troupeaux sur le
territoire suisse. De son dévouement, le digne gendarme
n'avait recueilli qu'une courbature probable et une extinction
de voix certaine.
   Après les pâturages de Zurnsee on suit un sentier qui
 surplombe à pic les abîmes où coule la Viège naissante des-
 cendue des glaciers voisins. Ce sentier à travers des forêts
de sapins et des paysages variés nous amène à Zermalt, où
nous prenons gîte à l'hôtel du Mont-Cervin, après une
journée de quinze heures de marche.

                      6m" journée (12 août).

    Ce jour-là, nous quittons les hautes régions pour che-
 miner à travers les verdoyantes vallées alpestres. Ce chan-
 gement repose l'œil ébloui par la contemplation prolongée
 des neiges éternelles. Il s'agit pour nous de descendre la
 vallée de Zermatt jusqu'à Stalden où elle se bifurque avec
 celle de Saas, et de remonter cette dernière jusqu'à son chef-
 lieu. Un excellent sentier à mulet traverse d'un bout à l'autre
la longue vallée de Zermatt. La Viège, en allemand fFisp,