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486                    LETTRES INÉDITES.

  onexigeaitle double pour trois actesd'opéra. Ainsi vousvoyez,
  Monsieur, qu'il n'a tenu à presque rien que la soirée du 26
  brumaire n'eût un pendant. Votre lettre ne m'a donc été
  remise qu'à dix heures du soir et je ne l'ai lue qu'à minuit,
  avant de me coucher et lorsque seul et retiré chez moi je ne
  craignais point d'êlre interrompu dans le plaisir qu'elle me
 promettait et qu'elle a si bien tenu. Je commence ma réponse
 environ douze heures après cette chère lecture. Je ne puis
 mieux vous prouver combien j'ai à cœur de mériter par mon
 exactitude l'entier oubli de ma négligence passée. Vos plain-
 tes à cet égard n'ont rien que de très-obligeant pour moi ;
 elles flattent en môme temps mon amour-propre et mon
 cœur. Je me hâte d'aillant plus à travailler à les faire cesser
 que vous êtes seul, à la campagne, un peu isolé des événe-
 ments politiques et littéraires et que vous voulez bien «l'as-
 surer que mes lettres sont pour vous en ce moment de
 quelque ressource. Si j'avais aussi chaud qu'à Béziers , ce ne
 seraient point les matériaux qui me manqueraient pour vous
 écrire des lettres aussi longues. Pour vous, Monsieur, vous
 n'avez besoin ni de pièces nouvelles ni d'aliments politiques
 pour rendre les vôtres singulièrement intéressantes. Vous
 vous êtes cependant défié de vous-même en commençant et
vous avez grosseyè la première page. Permettez que mon
 amitié vous en fasse un reproche, qui serait-bien plus grave
si heureusement vous ne vous étiez corrigé à la suivante. Vous
voyez que je vous donne ici l'exemple des petits caractères
dès l'abord, et c'est afin que vous l'imitiez. Vous avez bien
 raison de me plaindre d'être sans feu, c'est en effet une très-
grande privation pour un homme de lettres et surtout pour
 moi dont vous connaissez le goût pour la vie sédentaire et
occupée. L'hiver était autrefois pour moi la saison la plus
agréable ; je voyais arriver avec un plaisir infini les longs
jours de novembre et de décembre, qui, obligeant d'allumer