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846                      DIVAGATIONS.

   Mais, c'est assez patauger dans l'humide moitié de mon
texte, il me tarde de sécher ma plume et de l'égayer au so-
leil d'une belle journée.
   Jean-Jacques a dit : Quand je serai agonisant, qu'on me
porte sous un arbre far un beau jour, et je guérirai. Je pour-
rai presque dire moi-même : Quand je serai mort, qu'on me
pprtedans la campagne par une fraîche matinée de printemps,
et je ressusciterai.
   Quelle influence plus salutaire, en effet, peut s'exercer sur
la santé et la vie de l'homme que celle d'un temps radieux,
d'un ciel pur et de la contemplation de la campagne ! ! !
   Qui ne revient a l'existence dans des circonstances si bien
faites pour la ranimer chez les uns et pour en doubler le prix
chez les autres? Combien cette joyeuse et simple annonce, il
fait beau temps ! jetée le mctin à l'homme encore au lit, le
fait se lever plus volontiers et plus vite ! Comme il se dépêche
d'aller jouir de la fraîcheur qu'exhale l'aurore et des pre-
miers rayons du soleil ! Comme l'impression qu'il reçoit de
cette attrayante jeunesse de la journée le rajeunit lui-même!
comme elle le prédispose à tous les bons sentiments de l'âme !
Quel songe si beau de la nuit peut valoir son réveil qui s'u-
nit à celui de la nature ! Alors le divin créateur semble sé-
duire nos âmes et les attirer en leur offrant le sublime
ableau de ses œuvres ; il semble que l'élan de notre grati-
tude doit s'élever et monter au ciel avec le parfum des fleurs,
les chants des oiseaux et le souffle léger du malin.
    Qu'il est cruel de penser que ces charmes si purs de la nais-
sance d'un beau jour sont éialés en vain devant des mortels
prêts à s'enlr'égorger, et, loin de mettre un frein à leur rage
homicide, ne font^ qu'en favoriser l'essor ! C'est le soleil
oVAusterlilz / disait naguère un conquérant pour exciter ses
soldats à un nouveau massacre guerrier.
    Je conçois mieux ces boucheries dans des plaines stériles,