Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                       LETTRES INÉDITES.                    487

 dès quatre heures, donnaient une soirée longue aux occupa-
 tions du cabinet. L'arrivée des lumières et l'approche du feu
 étaient pour moi l'heure la plus agréable du jour, et il est peu
dejouissances que je misse au-dessus d'une bonne lecture à côté
d'un bon feu el d'une lampe cylindrique, dont la lumière
vive, égale et brillante soulageait d'autant l'organe de la vue.
Mais passer les. mêmes longues soirées entre une cheminée
bouchée et un poêle vierge, à côté d'un triste luminaire de
verre qui ne brûle qu'à regret, c'est plulôlun supplice qu'un
plaisir. Et malheureusement j'y suis condamné chaque fois
que l'affiche ne m'attire pas au spectacle, ce qui est fort ordi-
  nire. Car vous n'imaginez pas combien peu il y a de specta-
cles agréables malgré la multiplicité des théâtres. Comme ils
sont sûrs d'être pleins en ouvrant la porte, ils ne sedonnent
la peine ni de choisir ni de varier leurs pièces. J'envie donc
votre sort d'avoir du bois à discrétion ; cette jouissance et
votre bibliothèque si bien choisie compensent les privations,
qu'impose en cette saison le séjour de la campagne. J'aurais
été charmé de faire connaissance avec M. votre oncle, el ce
que vous me dites augmente mes regrets. J'espère qu'à son
retour de la campagne vous me procurerez ce plaisir. Je vous
félicite d'avoir vu chez lui des hommes célèbres. Ce souvenir
est un des plus agréables qu'on conserve en vieillissant. Dans
cinquante ans d'ici vous conterez à vos petits-neveux que dans
votre enfance vous avez été embrassé par J.-J. Rousseau et
que vous avez vécu avec Cochin et Vernet. Je les ai aussi
connus tous trois, surtout le dernier qui mangeait souvent
chez mon père et qui avait, outre son grand talent, de l'esprit
naturel et d'excellentes qualités sociales. Je n'ai point perdu
de vue l'affaire de M. Charrier d'après l'intérêt qne vous y
prenez. Vous savez que lorsqu'il m'a écrit pour avoir le
Foyage, M. de Fortia était déjà reparti pour Marseille.
    Je lui ai fait part aussitôt du désir de M. Charrier en le