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ORIGINES DE LUGDU1NUM. 407 doriennes. D'un autre côté, la légende d'Arus, d'accord avec les légendes relatives aux dieux héracléens de la Gaule et de la Phénicie, repousse d'une façon absolue, ainsi que nous le dé- montrons plus loin, l'assimilation indiquée par Duchalais. La présence d'un parèdrc d'Asclépios et d'un attribut de l'Her- cule dorien sur une monnaie d'Arus n'a rien qui doive sur- prendre. Quand les Gaulois, mis en contact avec la civilisation hellénique, eurent adopté le monnoyage grec, ils en imitèrent non seulement la forme, mais, le plus souvent, les types. Cet asservissement à des modèles, dont la beauté les charmait, se remarque principalement dans la région de la Méditerranée. Sur la monnaie autonome des Arécomiques, par exemple, le bandeau, symbole deshérosdivinisés, ornelefront du demi-dieu Némausus, éponyme de la ville de Nîmes (1). Des calques semblables ont produit chez les Ségusiaves le type d'Hercule-Arus, et très- vraisemblablement d'autres types du même genre que nous ne possédons plus. J'ai dit, partageant en cela l'opinion de M. A. Bernard (2), qu'Arus et Arivos étaient le même nom. Si Arus, en effet, n'était pas latinisé, sa finale serait le suffixe gaulois on. Nous aurions ainsi Aros. Les Santons écrivent Arivos (Arouios), parce qu'ils pro- noncent de cette manière. La même règle d'articulation leur a fait traduire sur une autre de leurs monnaies Anicius par Annicoios, comme l'a très-heureusement reconnu M. de la Saussaye (3). Néanmoins, la possession du même nom n'implique pas toujours la même qualité. Arus est Dieu; Arivos peut ne pas l'être. Les chefs des Celtes se faisaient gloire de porter des appellalifs di- vins. Moritasgus désigne un dieu dans Alise, un prince chez les Sénones. Arus estTcponym.fi de l'Arar et, telle est l'opinion de Mgr. De- voncoux, de l'Arus des Educus, l'Arroux (4). L'auteur du traité (1) M, de la Saussaye, Numismatique de la Gaule Narbonnaise, p , 160. (2) M. A. Bernard, Description du pays des Ségusiaves, p. 1 1 . (3) Rev. numùm., 1838, p. 77; 1851, p. 391. (4) Notes sur l'histoire d'Autun d'Edmn Thonns, p. 204.