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i2't ANT0N1N MOINK. âge. Jean Goujon, Pierre Bon temps et autres vieux tailleurs de pierre ont été l'adoration et l'enseignement de toute sa vie. Sa nature et ses lectures favorites lui avaient donné cette impulsion. C'est de Notre-Dame de Paris que sort ce Dragon monté d'un diable armé d'un trident, se rendant, sans doute, à tire d'aile infernale, a quelque ronde du sabbat, ou à quel- que évocation de sorcière, œuvre de ténèbres à coup sûr ! Cette production originale fut remarquée. Le plâtre en a été souvent et longtemps reproduit. Bientôt suivirent en foule divers travaux, dont je voudrais bien parler, et particulière- ment une statuette de Sancho-Pança el un vase magnifique gardé précieusement à la manufacture de Sèvres. Mais il faut m'interdire tous ces menus propos où je me complairais pour- tant, pour arriver enfin à des œuvres plus graves, plus étu- diées, plus hautes, qui ont inscrit, en marbre et en bronze, le nom d'Antonin Moine sur divers monuments de Paris. En ce temps-là , —sous ce règne tant calomnié et si pros- père du roi Louis-Philippe, — il se bâtissait des églises, il se faisait des fontaines monumentales; la barrière de l'Etoile élevait son arc triomphal à nos gloires militaires ; le quai d'Orsay achevait son édifice pour loger ce Conseil-d'Etat qu'on lâche aujourd'hui de mettre à la porte de son palais ; Vhôtel-de-ville prenait les proporlions les plus imposantes el les plus gracieuses; enfin, les artistes, peintres, sculpteurs, architectes, trouvaient de nobles travaux à exécuter ou à di- riger dans ces vastes créations. Il fallut un bénitier à la Ma- deleine,des statues à l'hôtel-de-ville, des Triions aux fontaines de cette place, dite de la Concorde , où rugissent toutes les discordes populaires ; et à tout cela (moins les discordes), Àntonin Moine mit résolument sa main d'artisle. Le bénitier de la Madeleine a été loué... et critiqué, bon signe ! Si la louange dore, la critique consacre souvent à son insu. Je ne veux dissimuler ni blâmer le reproche de gracilité