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414                      BIBLIOGRAPHIE.

toutes les deux t'ont la critique des mœurs et des travers contem-
porains, il faut pour toutes les deux un égal esprit d'observa-
tion, une finesse pareille, et la bonhommie qu'on est porté à
attribuer au fabuliste se retrouve bien souvent chez le poète
comique. Cette honnêteté du cœur et de la raison que l'on
décore du nom de bonhommie est un des plus incontestables
mérites qu'attestent les fables de M. Rousset. La morale en est
saine, aimable, indulgente, la critique y est sans venin, et la
manière dont les travers y sont frondés prouve chez le poète qui
censure les qualités du cœur les plus honorables.
   Trois livres de ces fables avaient déjà paru en 1848, l'auteur
vient d'en ajouter un quatrième, composé au milieu de nos
orages civils. Heureux don de l'artiste qui peut s'abstraire des
bruits de la place publique et des tristes préoccupations de l'a-
venir pour vivre de la douce vie de l'imagination et oublier
les tristes réalités dans le monde de ses brillantes chimères.
   Les événements que nous avons traversés n'ont pas pu moins
faire cependant que de laisser leur empreinte sur les dernières
fables de M. Rousset. La plus part d'entr'elles sont politiques
et partent d'un juste sentiment des mécomptes qu'on nous a
fait subir et des craintes que tout le monde ressent. Aucune ce-
pendant ne trahit d'amertume, et les blâmes les plus justes sont
toujours recouverts de l'innocente gaité du fabuliste.
   Ce moment n'est pas heureux pour un succès littéraire ; mais,
en des temps meilleurs, une œuvre lyonnaise, qui n'a pas reçu
la sanction de Paris, l'obtiendrait-elle tout en le méritant!
nous ne savons. Nous voudrions prédire aux fables de M. Alexis
Rousset auprès du public de notre ville l'accueil qu'elles ont
déjà reçu du petit nombre d'hommes de goût qui s'intéressent
encore aux lettres, mais nous craindrions d'être trop flatteur
et ce ne serait pas pour l'écrivain.