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BIBLIOGRAPHIE. 41 i dans notre rude Occident, pays de la liberté et du suffrage uni- versel , la vérité ne pourrait-elle nous suffire ? Hélas ! au nord comme au midi, les hommes sont des enfants qu'il faut distraire et amuser, et sous notre ciel brumeux, il est un sultan plus puis- sant et plus ombrageux que ceux de l'Asie, plus ennuyé et plus engourdi que ceux de l'Orient ; nous ne dirons pas que c'est le Peuple, nous dirons : c'est le public. C'est, en effet, au public et non au peuple que M. Donzel, un des deux Fabulistes dont il est question, adresse sa morale toute pleine de bonhomie, et qui, pour n'être pas exempte parfois d'al- lusions politiques, est appelée à survivre à nos agitations du mo- ment. Dans le plus grand nombre de ses apologues, M. Donzel, comme un vieillard aimable qui a droit de donner des leçons et qui en profite, cherche simplement à redresser les travers des hommes, instruire et guider la jeunesse, faire de nos jeunes gens d'honnêtes gens, et ce n'est pas une tâche facile. Partout, dans son livre simple et modeste, on trouve cette morale de tous les temps et de tous les lieux, plus ancienne que les nations, et des- tinée à leur survivre : Il nous fait souvenir aussi Que toute puissance est fragile, Qu'un colosse, souvent, n'a que des pieds d'argile. Ou bien : Que perdirent enfin ou gagnèrent les hommes Au conflit du mal et du bien ? Rien. On fut comme on était, on fut comme nous sommes. Quelquefois une malice vient égayer le front du moraliste : Le cœur se vide à mesure Que la bourse se remplit. Et la leçon, pour être faite en souriant et sans prétention, n'en est pas moins sévère. Parfois, ce sont des réflexions charmantes , comme celles-ci : J'ai toujours aimé l'Ane ; il est si bonne bête ! Quand je n'aurais égard qu'à son utilité,