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406 MONOGRAPHIE HISTORIQUE enclavées ayant été une cause permanente de contestations, on conçut un moyen bien simple de faire une paix durable en supprimant celte cause. Par des échanges et des compensa- tions, on donna aux étals de la Savoie et du Dauphiné des fleuves et des rivières pour limites. Que de maux on eût épar- gnés en adoptant cet arrangement cent ans plutôt, arrange- ment d'autant plus facile qu'à toutes les époques de leurs discordes, les dauphins et les comtes avaient des fiefs d'égale importance à échanger ! D'un commun accord, l'aflaire est Iraitée en France en plein parlement, le roi siégeant, revêtu de ses insignes royaux. Les députés pour cet échange sont Falque de Montchenu et Am- blard de Beaumont, de la part du dauphin ; le seigneur de Grammont et Pierre de Montgelas, nobles bugésiens, pour le comte de Savoie. Le comte de Valentinois et Guillaume de la Baume leur sont adjoints en cas de graves dissentiments. LeGuier, rivière torrentueuse qui sépare la Savoie du Dau- phiné, et le Rhône, qui sépare le Dauphiné du Bugey, sont adoptés pour limites des deux États. Ce traité qui place le Bas-Bugey sous la puissance des princes de Savoie est daté de Rouen, où était alors la cour de France, le 25 août 1355. Il ne manquait aux princes de Savoie pour avoir sous leur puissance la province entière que les étals du sire de Thoire et de Villars si injustement et si violemment usurpés par le duc de Bourgogne. Cinquante ans après le Irailé de Rouen, le comte Amédée, qui fut premier duc de Savoie, eut le bonheur d'acquérir ces fiefs au moyen de négociations conduites avec celte habile ténacité qui caractérise à toutes les époques la politique de celte maison souveraine. A l'exemple du sire de Beaujeu qui avait profilé de rabattement el de l'incurie d'Hum- bert VII pour acquérir quelques-unes de ses possessions de la Dombes, Amédée, par l'entremise de l'évoque de Lauzanne, parvient à obtenir l'aliénation en sa faveur des droits et fiefs