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370             LETTRES SUR LA SARDAIGNE.

forant la misère et la mort à l'esclavage. Soumise alors au
gouvernement d'un prêteur, la Sardaigne fut heureuse et
florissante, la beauté de ses campagnes, la fertilité de son
sol devinrent célèbres dans le monde, et furent chantés par
les poètes de Rome :
                                           Opimm ,
                     Sardiniœ segeles ferach,

s'écrie Horace quelque pari.
                   Propensœ Cereris nulfila favore,

murmure de son côté Silius Italicus. Et Claudien, de bella
gildonico, a célébré les plaines du Campidano, au milieu
desquelles s'élève aujourd'hui l'établissement Victor Em-
manuel :
                                   Quœ pars vicinior afrit
            Plana solo, ratibus clcmens, etc., etc.

Enfin, je me rappelle avoir lu moi-même que Cicéron, dans
son discours pro lege Manilia , l'appelle le grenier du
peuple romain. Décidément il y a par le monde des hom-
mes bien savants !
   Mais la décadence romaine approche, les exactions com-
mencent, les questeurs, infidèles et voleurs, ruinent le pays
qu'ils administrent; peu à peu la misère grandit, la terre de-
vient aride et se dépeuple, et enfin, au YHe siècle, les Sarra-
zins paraissent, envahissent l'île et la saccagent à plusieurs
reprises. Les Génois et les Pisans arrivent à leur tour, et
chassent les Sarrasins après leur avoir livré quatre batailles
sanglantes. De ce jour, la Sardaigne adopta l'écusson qu'elle
conserve encore : une croix de gueules, accompagnée de
quatre têtes de Maures. L'île était alors soumise à des juges,
 dont l'autorité passait de père en fils, et qui relevaient du
 Saint-Père. Mais le calme dont elle jouit ne fut pas de longue