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338                  LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

sans secousse le sceptre prêt à choir des mains du succes-
seur loyal mais inexpérimenté de ce prince. La politique du
duc d'Orléans, pendant la Restauration, ne fut ni conspi-
ratrice, ni agressive, comme on l'a tant de fois prétendu :
ce fut une politique d'observation, et, si l'on peut le dire,
une embuscade dressée avec art par un prince patient et
prévoyant, contre un gouvernement généralement honnête,
mais faible, tiraillé entre les exigences de l'émigration et
les nécessités de la France nouvelle, et pardessus tout mal
éclairé sur les vœux et le véritable esprit du pays.
   Cependant, en présence de la grande épreuve de 1830,
le duc d'Orléans hésite, et sérieusement, je crois, à recueillir
le sanglant héritage de la victoire du peuple parisien. Il
s'alarme du succès de ses propres encouragements. Il
calcule avec effroi le poids du fardeau et le désavantage
des circonstances au sein desquelles il lui est imposé. Mais
les puissantes instigations de sa sœur, les excitations de ses
partisans, l'appréhension d'un nouvel exil, et, le dirai-je, l'in-
térêt de sa propre foi tune triomphent de son indécision, et
dès lors sa politique, jusqu'ici timide et flottante, se dévoile
sans réserve. Régner et faire à tout prix régner sa dynastie,
telle semble être la devise invariable de ce nouveau Sixte-
Quint, passé lout-à-coup de l'humble attitude de premier
sujet de Charles X aux espérances les plus démesurément
ambitieuses. Le système gouvernemental de Louis-Philippe
est tout entier dans ce programme, gros d'un régime mo-
déré, mais corrupteur, d'une diplomatie généralement loyale
et conciliante, mais dépourvue d'initiative et de grandeur (1).

touche pas. » M. de Caux venait de sortir des Tuileries, lorsque le duc d'Or-
léans y arriva ; mais ses instances furent vaines, et Charles X maintint la ré-
duction.
   (i) « Après dix-huit ans de règne et d'une diplomatie que l'on croyait
habile parce qu'elle était intéressée, la dynastie remettait la France à la