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336 LOUIS-PHILIPPE D'OBLÉANS. tradictions cette âme avide d'action et de bruit. Tour à tour exalté révolutionnaire et fanatique émigré, d'une haine ab- solue de la royauté passant à un culte presque superstitieux pour les traditions monarchiques, ici, patriote ardent, là , implorant avec instance du service contre son pays, tantôt prêt à accepter le sceptre constitutionnel des mains de Du- mouriez, tantôt impatient de coopérer dans les bocages de la Vendée au salut de la France royaliste, Louis-Philippe n'offre à notre observation, pendant la première moitié de sa vie, que le spectacle assez vulgaire d'une ambition brûlant de se satisfaire à tout prix, et tenant peu de compte de la bannière destinée à ombrager ses succès. Tout système lui est bon qui favorise son besoin de distinction et de renom- mée , toute opinion est sienne qui lui promet dans la so- ciété une place dont la mémoire de son père l'a trop long- temps déshérité. Mais le succès manque à tous ses efforts, et la fortune lui est rebelle sous quelque forme qu'il pour- suive ses faveurs. Son attachement aux opinions révolution- naires l'a voué à la misère et aux proscriptions : sa con- version aux idées monarchiques ne peut l'arracher à l'inaction et à l'obscurité. Cependant l'Empire s'écroule, un gouverne- ment pacifique et tempéré succède au joug doré qui pe- sait sur la France : la Restauration, qui en ouvre les portes au duc d'Orléans, agrandit la sphère de ses aspirations am- bitieuses ; il devient insensiblement le point de mire de tous les mécontents d'un régime qui froisse tant d'intérêts, brise tant d'espérances. Plus habile à exploiter qu'à préparer ou à diriger les événements, il comprend et accepte sans hési- tation le nouveau rôle qu'ils lui tracent ; et, des senlimenls, des souvenirs de l'émigration, il ne garde plus que ce qu'il lui faut pou rendormir la prudence ombrageuse de LouisXVIIT et les susceptibilités inquiètes des anciens compagnons de son exil. Partout ailleurs, le duc d'Orléans n'est plus que le pa-