Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                   LOUIS-PHILIPPE D* ORLÉANS.                     829

 ambitieux de la pensée immuable, et faisait expier au prince
 de Joinville la liberté de ses représentations par un exil en
  Algérie, dont son frère, le duc d'Aumale, venait d'être nommé
 gouverneur-général. Chacun pliait devant cet absolutisme
 sênile, qui se complaisait dans l'ostentation de sa propre puis-
 sance (1). Le dernier jour de cette année d'agitation et de
 scandale priva Louis-Philippe dans sa sœur et l'inséparable
 compagne de presque toute sa vie, la princesse Adélaïde,
 âgée de 70 ans, du seul être qui, par son dévouement, son
 expérience et la mâle sagesse de ses conseils, eût conservé
 quelqu'ascendant sur son esprit. Ce fut le sceau de sa fatalité.
    Louis-Philippe ouvrit la session législative par un dis-
 cours où il crut devoir répondre à la préoccupation publique
 en signalant l'agitation fomentée par des passions aveugles
 ou ennemies. Ces paroles , qui ne rappelaient que trop l'in-
 discrète provocation reprochée à Charles X, dans des cir-
 constances analogues, furent le signe d'une tempête vio-
 lente à la Chambre des députés. Mais les efforts de la mi-
 norité ne purent écarter de l'Adresse une phrase correspon-
 dante à la flétrissure descendue du trône, et le ministère,
 encouragé par cet imprudent succès, déclara l'intention de
 déférer dorénavant aux tribunaux tout banquet ou réunion
 politique. C'était, comme on le dit alors, « mettre la main
 de la police sur la bouche de la France. » L'opposition ré-
 sista, et cent députés appartenant à ses diverses nuances,
décidèrent qu'une manifestation solennelle en faveur du droit
de réunion et de la réforme, aurait lieu à Paris le 22 fé-
vrier, sous la protection de la garde nationale et des jeunes
gens des écoles. Cet appel menaçant provoqua une défense
formelle du préfet de police, M. G. Delessert, magistrat
justement considéré, mais dont la voix était impuissante à

  (i) Lettre du prince de Joinville au duc de Nemours, 7 nov. 1847.