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             '   £    LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.                          309

 le patriotisme venait de déplorer dans une Note célèbre
l'abaissement de notre puissance maritime. Conduite avec
vigueur et habileté, cette division navale bombarda la ville
de Tanger et l'île de Mogador, et la victoire décisive rem-
portée sur l'armée marocaine par le maréchal Bugeaud, aux
bordsdel'Isly(14 août) réduisit à l'impuissance le nouvel allié
d'Abd-el-Kader et convertit définitivement notre conquête
en une vérité. Ces brillants exploits causèrent en France une
satisfaction générale, et la pensée publique applaudit à la
distinction accordée au maréchal Bugeaud dans le titre
commémoratif de duc d'hly (1). Soit générosité, soit ména-
gement pour notre ombrageuse alliée, soit surtout appréhen-
sion de l'insuffisance des ressources de l'empire (2), le gou-
vernement ne crut pas devoir contraindre les vaincus au paie-
ment des frais de la guerre, et le Journal des Débats pro-
clama fièrement que la France était assez riche pour payer sa
gloire. Le ministère eut le tort plus grand encore de n'exiger
aucune garantie contre le retour des hostilités d'Abderrah-
man. Ce prince s'engagea seulement à expulser ou à interner
Abd-el-Kader, et la France, par une clause à jamais hon-
teuse dans les annales de sa diplomatie, promit de traiter
avec égards et générosité ce barbare, s'il tombait entre ses
mains. Ainsi qu'on devait raisonnablement s'y attendre, les
promesses d'Abderrahman demeurèrent sans résultat, et le
redoutable émir, à qui l'Angleterre prêtait une protection

   (i) La concession de ce titre fut un acte de la volonté personnulle
de Louis-Philippe. Le maréchal Soult, peu porté pour le vainqueur de
l'Isly, combattit l'opportunité de la récompense en faisant observer au
roi «qu'il convenait de laisser quelque chose à désirer aux personnes qui
occupent de hautes positions et sont investies d'attributions considérables.»
(Lettre au roi, 4 sept. 1844). Son opposition ne fléchit que devant la
volonté poliment mais nettement exprimée de Louis-Philippe.
    (a) Lettre du roi au prince de Joinville, 25 sept. £844.