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302                  LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

 le canot du roi, qui conduisit les deux souverains et leurs
escortes vers une tente où les pavillons des deux nations
 avaient été arborés. La jeune reine prit terre, appuyée sur
le bras du roi, et fit quelques pas au-devant de la famille
 royale de France, dont elle embrassa toutes les princesses.
Après les présentations d'usage , la reine monta dans la
voiture royale avec Louis-Philippe et sa famille , et se rendit
à Eu où , à huit heures, elle prit place à un banquet de 60
 couverts.
    La reine d'Angleterre passa cinq jours au château d'Eu,
et ne vint point à Paris, où on l'attendait généralement. Sa
présence au sein de la famille royale fut marquée par une
suite de divertissements plus intimes que fastueux, eu
égard au rang élevé des augustes hôtes. Louis-Philippe lui
fit présent de deux magnifiques tapisseries de la manufacture
des Gobelins et d'un fort beau coffre en porcelaine de Sè-
vres, comme un souvenir de son séjour sur le sol français.
Rien de positif ne transpira des conférences particulières de
ce prince avec la jeune reine, et les événements postérieurs
n'ont répandu aucune lumière sur cette première entrevue,
qui avait mis en un grand émoi la diplomatie étrangère.
Victoria repartit le 7 septembre pour Brighlon , d'où elle se
rendit en Belgique.
    Les orgueilleuses joies du château d'Eu devaient avoir leur
revers, et ce fut à un prince exilé, sans appui, dernier débris
d'une race auguste et proscrite, qu'il était réservé d'en trou-
bler le cours, en rappelant à la royauté de 1830 l'infirmité
de son principe originel.
   La mort de Charles X (oct. 1836) n'avait apporté aucun
changement notable dans les habitudes de la famille exilée ;
mais le duc d'Angoulôme avait compris la nécessité de com-
pléter , par la connaissance des choses pratiques (1), par la
  (t) Henri de France, par M. A. Nettement, l. i .