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BE DROIT DE PROPRIÉTÉ. 291 gent les sociétés civilisées. Le sien et le mien ont été à leur avis, un premier pas vers la dégradation ; ils ont rompu la fraternité naturelle entre les hommes. Ainsi, Rousseau s'est écrié en parlant du premier qui s'avisa d'enclore un terrain : « Que de crimes, que de meurtres, de misère et d'horreur n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux sous comblant le fossé eût crié à ses semblablaes : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ! Vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous el que la (erre n'est à personne (1). » Say lui a répondu : « Lorsque les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne, la terre ne produit que des bruyères comme on le voit au pays des Esquimaux. Si vous voulez manquer de tout, vous n'avez qu'à nommer im- posteur le premier qui enclora son champ ; après quoi vous arracherez les pieux qu'il aura plantés, et si à la suite de ce judicieux exploit, votre pays ne produit presque rien qui puisse adoucir votre existence ni augmenter votre popula- tion, vous n'en aurez pas moins tous les vices des nations les plus civilisées : l'avidité, la perfidie, les jalousies, les haines, les meurtres, et vous mangerez vos prisonniers de guerre, comme cela se pratique dans les pays où il n'y a ni proprié- lés ni industrie (2). » Au lieu de cette réponse si claire et si décisive, il suffisait de mettre Rousseau en contradiction avec lui-môme en citant le passage où il laisse échapper cette phrase : Le premier qui s'avisa de dire : ceci est à moi, fut le véritable fondateur de la société. Passons maintenant au point de vue économique ; les atta- ques dirigées contre la propriété comme diminuant la somme de la richesse nationale sont dénuées de fondement. On a rer (i) J.-J. Housseau. ( à ) J.-B, Say, Cours d'économie politique, ive partie.