page suivante »
DU DROIT DE PROPRIÉTÉ. 279 existence, digne de sa nature, lui devient impossible. La pro- priété commença avec le capital, c'est-à -dire avec le travail qui en est l'origine, et depuis lors, c'est-à -dire depuis que l'homme est sorti de l'état de barbarie, le développement du capital et l'affermissement de la propriété ont toujours mar- ché parallèlement ; non pas que les hommes aient, dès l'ori- gine, compris les avantages de la propriété individuelle ou établi scientifiquement leur droit; maisils défendirent sponlané- menllefruit deleur travail. Ussentirentpiutôtqu'iis ne compri- rent, que leur liberté, leur dignité morale étaient intime- ment liées au sort de la propriété et que toute attaque au capital qu'ils avaient amassé était en même temps une attaque a leur existence physique et au développement de toutes leurs facultés. Malgré son origine antique, la propriété a été en butte aux plus violentes attaques. De tout temps ses adversaires ont formé deux classes distinctes ; les uns ont attaqué le fait môme de la propriété, les choses possédées; les autres le principe indépendamment de toute application. Nous n'avons pas à nous occuper des premiers ; la force est leur seul droit et leur seule raison ; c'est donc la force qui doit leur répondre. Pour ceux qui ont dans l'antiquité combattu scientifiquement le principe de la propriété et nié son existence légale, ce furent ou des extravagants ou des gens qui, par dégoût des vices de ce monde, avaient tourné leurs yeux vers un monde plus pur et avaient imaginé une société idéale. Rien d'étonnant alors, rien même d'illogique dans la suppression de la propriété, puisque la nature physique, intellectuelle et morale de l'homme subissait en passant a travers le cerveau de ces rêveurs une triple transformation; ainsi ce n'est pas en parlant d'Athènes mais de sa république imaginaire que Platon disait : « quelque part que cela se réalise il faut que les richesses soient com- munes entre les citoyens et qu'on apporte le plus grand soin