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240 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.
deçà el au-delà du Rhin, et l'aspect de l'Europe devenait
de plus en plus belliqueux. De telles apparences ne pouvaient
se résoudre en réalités sérieuses avec un ministère qui expri-
mait une idée exclusivement pacifique, et Louis-Philippe
s'abusait moins que personne sur leur véritable portée. Mais
il jugea ces circonstances favorables pour donner l'essor à un
projet capital et déjà ancien dans son esprit, et les fortifications
de Paris prirent le jour au sein des démonstrations menaçantes
des puissances, de même que les lois coërcitives de septembre
étaient sorties de l'attentat de Fieschi. Soit entraînement
sincère, soit désir de rentrer en faveur auprès de la Cour, soit
dépendance d'engagements antérieurs, M. Thiers se fit à la
Chambre des députés le propagateur aclif de la pensée du roi,
et ce fut sur son rapport que le projet de fortifier la capitale,
rejeté par la Restauration sous le ministère de M. de Villèle,
repoussé en 1833, sur les réclamations menaçantes de la garde
nationale, subit l'épreuve d'une discussion parlementaire.
Deux systèmes principaux étaient en présence : celui
d'une enceinte continue , idée généralement admise par les
partisans d'un plan de défense spécial à l'invasion étrangère,
et celui des forts avancés , mode de résistance particulière-
ment applicable aux ennemis intérieurs du gouvernement,
et l'objet des prédilections manifestes du roi et de ses mi-
nistres. Un grand nombre de députés rejetaient l'un et l'autre
système , et repoussaient l'idée d'isoler Paris du reste de la
France el d'attirer ainsi l'ennemi sous ses murs , tandis que
l'intérêt réel du pays commandait de l'éloigner des frontières.
M. Thiers se prononça pour la double exécution des, forts
détachés et de l'enceinte continue , et son opinion , partagée
en principe par une partie de la presse révolutionnaire,
triompha dans les deux Chambres à la suite de débats appro-
fondis , et dont la Cour prépara le succès par un luxe inouï
de séductions et de démarches. Au premier rang des orateurs