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158                LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

Chambres, et pourvut a d'indispensables changements. Le
duc de Broglie fut appelé aux affaires étrangères, M. Guizot
à l'instruction publique, et l'intérieur fut confié à M. Thiers,
qui avait fait preuve de courage et d'habileté dans les événe-
ments de juin. Le maréchal Soult garda le porte-feuille de
la guerre et reçut le titre de président du conseil (11 oct.).
   Un des premiers embarras du nouveau ministère fut l'ar-
restation de la duchesse de Berri (7 nov.), livrée par la
trahison de Deutz au préfet Maurice Duval, un des séides les
plus abjects et les plus compromis du gouvernement de juil-
let. Le lendemain même, un petit brick de guerre conduisit
la princesse à la citadelle de Blaye, assignée à sa captivité
jusqu'à ce que le gouvernement eût ordonné de son sort.
    L'impression de cet événement fut profonde et universelle.
Mille adresses partirent de tous les points de la France pour
 rendre à la prisonnière de Blaye l'hommage d'un dévouement
 tardif et impuissant. Mille voix s'élevèrent, les unes pour ré-
 clamer impérieusement la mise en jugement de la princesse,
 comme une accusée ordinaire, les autres pour sommer le gou-
 vernement de rendre à la liberté celte femme qui, disait le
 plus éloquent de nos publicistes, « n'avait fait trembler que
 des consciences surchargées et des mains enrichies de la dé-
 pouille de l'orphelin.... Les défaites de la duchesse de Berri,
 ajoutait l'illustre écrivain, sont autant de victoires à qui la
 fortune a refusé ses ailes (1). »
    Au milieu de ces sommations contradictoires, le gouver-
 nement ne repoussait qu'un parti : celui de livrer aux tribu-
  naux la duchesse de Berri, mise en dehors du droit commun
 par une loi politique de bannissement; mais sa décision se
 fondait sur un motif plus spécieux que solide. La princesse

   (1) Mémoires sur la captivité de Madame la duchesse de Berri. par M de
 Chateaubriand, 1853.