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LOUIS-PHILIPPE DOttLÉANS. 151 vitable d'une révolution faite surtout en haine des supériorités originelles, et la Chambre élective, en la décrétant, n'accorda pas même au ministère l'espoir d'une révision future. L'oppo- sition de la Chambre des pairs n'était pas douteuse. Il fallut la briser parla promotion de 36 membres nouveaux. Cette session fut marquée par l'adoption du projet de loi relatif au bannisse- ment des Bourbons de la branche aînée; projet auquel MM. Baude et Bricqueville avaient successivement attaché leur nom, mais qui ne dut sa forme définitive qu'à la sanction de ce môme prince qui leur avait juré tant de fois amour et fi- délité ! Une insurrection victorieuse, celle des ouvriers lyonnais, marqua les derniers mois de cette année commencée par une émeute anti-légitimiste. Le gouvernement célébra, dans son im- prévoyance, l'innocuité politique de ce douloureux conflit. Que d'enseignements, toutefois, dans cette émotion populaire contre l'aristocratie commerciale qui avait tant contribué à la révo- lution de juillet, et qui retrouvait aujourd'hui dans la mollesse ou l'indiscipline de la force armée le fruit de ses propres prédi- cations ! Quel sinistre avant-coureur de cette redoutable tem- pête sociale que le dix-neuvième siècle recelait dans sesflancs! La présence du duc d'Orléans et du ministre de la guerre im- prima a la rentrée des troupes un certain appareil ; mais la répression de cet attentat à l'ordre public fut à peu-près nulle et se ressentit du désordre et du relâchement des esprits. Ces échecs multipliés n'attiédissaient point l'énergie du pouvoir. L'action du ministère public, confiée à M. Persil, magistrat d'un âpre et stoïque dévouement , espèce de Jef- fryes modifié par la civilisation moderne , pesait avec achar- nement sur la presse qu'elle soulevait encore par la ri- gueur inusitée des arrestations préventives. Chaque jour ap- portait un nouveau démenti à cette imprudente parole du duc d'Orléans, lieutenant-général : Il n'y aura plus de procès de