page suivante »
LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. 141 avec d'anciens et honorables amis les moyens de conserver la paix de l'Europe et de maintenir les traités de 1815. » L'Europe entière avait reconnu Louis-Philippe , à l'ex- ception du duc de Modène , que le cabinet français négligea à cause de son peu d'importance , et du roi d'Espagne, dont la résistance parut difficile à surmonter. Toujours disposé à favoriser l'insurrection , sous quelque forme qu'elle se pro- duisît, La Fayette, alors tout-puissant, persuada au minis- tère d'effrayer Ferdinand VII en fomentant des troubles dans ses états. On s'entendit à ce sujet avec les plus éminents des Espagnols qui avaient fui à Paris et à Londres les persécutions de leur gouvernement (1). Le roi mit à leur disposition cent mille fr. tirés de sa cassette, et M. Guizot, ministre de l'inté- rieur, ne dépensa pas moins de 2 à 300 mille francs, dit- on , pour armer un certain nombre de combattants de juillet comme auxiliaires du corps expéditionnaire destiné à porter la guerre civile dans la Péninsule. Mais , par suite des me- naces faites par Ferdinand VII d'user de représailles envers la France , ces derniers reçurent contre-ordre dans le tra- jet (2), et les révolutionnaires espagnols , livrés à leurs pro- pres forces, échouèrent misérablement dans deux tentatives désespérées. Ferdinand reconnut Louis-Philippe , mais le parti démocratique espagnol conserva un long ressentiment de l'abandon du gouvernement français. Des écueils d'une autre nature attendaient la royauté nou- velle. Lors de l'installation du ministère Laffitte , Louis-Phi- lippe insista pour obtenir une loi qui réglât sa liste civile , et il communiqua à ce ministre un état des besoins du trône , dont le chiffre s'élevait à 20 millions. M. Laffitte exhorta le (1) Chambre des députes, séance du 21 septembre 1831. (2) Il en coûta de 13 à 18,000 francs à la mairie de Lyon pour empêcher ces volontaires de séjourner dans cette ville.