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130                  LOmS-PHIIJPPE D'ORLÉANS.

son ami et son protecteur (l), reçut le commandement de
toutes les gardes nationales de France, poste redoutable, qui
mettait sous ses ordres immédiats deux ou trois millions de
citoyens.
   Une vaste tâche était imposée au nouveau ministère. D'im-
menses difficultés s'accumulaient au dedans et au dehors. Le
parti démocratique, reprenant peu à peu courage, profilait de
la détresse publique occasionnée par la révolution, pour ar-
mer la classe ouvrière, son auteur et sa première victime, con-
tre le pouvoir qui en était sorti. Les puissances étrangères, re-
venues de leur stupeur, se livraient à des préparatifs mena-
çants. Dans l'expulsion de la branche aînée des Bourbons,
il était entré un sentiment de réaction mal éclairé sans doute,
mais très-marqué contre l'humiliation des traités de 1815.
A ce point de vue, le mouvement insurrectionnel de juillet
offrait tous les caractères d'une véritable déclaration de
guerre. Louis-Philippe en comprit la portée; et, tandis qu'il
se reposait sur l'autorité morale de La Fayette du soin de
calmer les irritations et les alarmes de l'industrie et du com-
merce, toute sa sollicitude parut se concentrer sur les rela-
tions extérieures du royaume et sur les moyens de détourner
la guerre européenne dont il était menacé.
   Le parti démocratique proprement dit s'était partagé en-
tre deux systèmes de politique générale. Une fraclion consi-
dérable et entreprenante de ce parti n'admettait point la co-
existence de la monarchie populaire avec les dogmes de la
légitimité partout en vigueur en Europe; elle voulait qu'on
laissât au mouvement révolutionnaire convenablement dirigé
le soin d'annuler par la force les onéreux traités de 1814
et de 1815, et de changer le droit public européen et les con-
ditions d'un équilibre demeuré favorable à la servitude des

  (1) Louis-Philippe et la Contre-rt'vohttion, lome 1, p. 218.