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VOYAGE EN ICARiE. 77 Le Voyage en Icarie est un roman : l'auieur lui-même écrit le mot dans la préface du livre. Cela ne touche pas la terre où nous sommes. Cela flotte impalpable comme une nue sereine à l'horizon des songes. C'est un rêve sans fin qui tourne et s'en- roule sur lui-même dans la région crépusculaire des visions. L'Icarie est une fabuleuse et flottante Délos que M. Cabet a fixée pour y accoucher de son système. Aucun voyageur n'a débarqué avant lui sur celte plage inconnue : il n'y a pas là traces d'hommes. Aucun géographe ne pourrait dire la latitude de ce continent vierge. Aucune carte n'en trace la configuration. L'auteur est bien l'inventeur du pays dans tous les sens du mot, et, comme il vient de loin, il a beau mentir ! Mais, pour une juste compensation, ce privilège assuré au narrateur établit tout droit au doute, et légitime la contradiction. — J'en userai. « Dans la première partie » (dit-il page iv de la préface) « nous racontons, nous montrons une grande nation orga- nisée en communauté. » C'est bien plutôt, à mon avis, une grande communauté qu'il voudrait ériger en nation ; mais je ne veux pas in- terrompre ; il poursuit : . « Nous la faisons voir eu action dans toutes ses situations diverses ; nous conduisons nos lecteurs dans ses villes, ses culier sur cet abominable Rétif de la Bretonne qui prétendait descendre do l'empereur Perlinax, alléguant pour preuve son nom (Flélif). Pour M. Cabet, je ne lui connais pas de prétention d'origine ; mais il a bien l'infatuation incurable de l'utopiste. Toutefois rien n'indique qu'il fût entreprenant et homme d'action à la manière de Saint-Simon. Ii ne s'est point mêle en personne aux sanglantes journées de Juin; il l'affirme, et c'est probable. Je ne serais pas même surpris d'apprendre que tandis que le Communisme des rues traduisait ses doctrines à coups de fusil?, il était, lui, à son cassc-téte social, se promenant eu songe sur les bords fleuris du TÃŽÃÃŽÃ, aVec le sensé Valmor et la belle Corilla, la (leur à 'karie!