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BIBLIOGRAPHIE 013 saurait l'accueillir moins favorablement que ne l'ont fait les lecteurs de cette sorte d'édition avant la lettre. Cet Essai est une œuvre de bonne foi. L'auteur, catholique convaincu, effrayé des progrès du matérialisme contemporain et des arguments nouveaux qu'à chaque découverte faite dans le domaine des sciences naturelles, il apporte con- tre les dogmes catholiques, a cherché à établir un accord entre les faits do la révélation et ceux dont ces découvertes nous révèlent l'existence. Jusqu'à quel.point les efforts généreux et sincères de M. de Rosemont ont-ils été récompensés? A-t-il pleinement établi ce lien entre la science et la foi, ou bien, entraîné par les ardeurs de son zèle et do ses convictions religieuses, s'est-il trop hâté à célébrer une entente, que l'avenir assurera, nous en avons l'intime conviction, mais que l'état actuel de nos connaissances ne nous permet pas encore d'établir? Nous laisserons à de plus compétents que nous le soin de s'en faire juges ; mais nons tenions à signaler à nouveau ce livre à tous ceux qu'intéressent les ardents problèmes soulevés autour des secrets, encore impénétrés, de nos origines. G. SANLAVILLLE. LA. BETISE PARISIENNE, pu-PAUL HERVIEU. — Paris, 1S84. Charavay frères, 4, rue de Fustenberg. — Un joli vol. P r i x : 3 fr. 50. Voici un livre qui doit nous faire grand plaisir, à nous provinciaux, d'autant qu'il est gentiment écrit, spirituellement troussé, assaisonné du meilleur sel atti- que. Nous ont-ils assez daubés, ces Parisiens? Qui est-ce qui était bête, gauche, emprunté, ignare, rustique? Le provincial. Qui, au contraire, alerte, gracieux, n'ignorant rien de ce qu'il ne s'était point donné la peine d'apprendre ? Le Pari- sien, lui, le ter quaterque bealus. Nous avions bien ouï parler d'un certain curé de Meudon qui avait écrit une phrase dans le genre de celle-ci : « Le peuple de Paris est tant sot, tant badault et tant inepte de nature, qu'un basteleur, un porteur de rogatons, un mulet avecques ses cymbales, un vielleux au milieu d'un carrefour, assemblera plus de gens que ne feroit un bon prescheur évangélique ». Mais cela était, si vieux! Et voilà qu'un charmant écrivain, spirituel, mordant, vient leur dire en d'autres termes à peu près la même chose, et même pis. Quelle reconnaissance nous devons à M. Hervieu ! Qu'il vienne faire un tour en province et il verra quelle magnifique réception nous lui ferons, quels festins de Gamache nous lui donnerons! Hélas! que viens-je de dire? Je parle de cette province légendaire qui n'existe plus que dans les livres. Ne sommes-nous pas tous atteints, qui peu, qui beaucoup, do cette Bêtise parisienne? Le baccarat, les courses de chevaux, les filles et les députés, ne souffrons-nous point aussi de tous ces maux? C'est donc nous, aussi bien que les Parisiens, que vise le livre de M. Hervieu, dont je voudrais dire tout le bien que je pense. Il y aurait fort à faire de tout louer : l'observation sagace et minutieuse, la fine ironie, le scepticisme aimable, le ton qui est celui do la bonne compagnie, toutes qualités assez rares à ren- contrer. L'auteur a su y joindre l'esprit qui, lui, dit-on, court les rues, que peu de gens cependant parviennent à saisir, mais qui s'est fort bien accommodé de faire ménage avec M. Hervieu, G K . LAVENIII.