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18                    LA REVUE LYONNAISE
Mémoires (collection Petitot, p. 40 et suiv.), étaient devenus si
communs, que les rues commençoient à servir de champ de com-
bat, et comme si le jour n'étoit pas assez long pour exercer leur
furie, ils se battoient a la faveur des astres ou à la lumière des
flambeaux, qui leur servoient d'un funeste soleil. »
   De nouveaux édits et des plus rigoureux avaient, il est vrai, été
publiés ; mais les condamnations qu'ils prononçaient n'étaient
presque jamais exécutées. Les coupables prenaient la fuite, et ils
ne manquaient pas, au bout de quelque temps, d'obtenir des lettres
d'abolition qui leur conféraient l'impunité et leur permettaient de
recommencer leurs extravagants exploits. Cependant la clémence
royale se lassait bien quelquefois, et l'exemple du comte de Mont-
morency-Bouteville et de François de Rosmadec, comte Descha-
pelles, décapités en place de Grève, est là pour prouver qu'il ne
fallait point trop absolument compter sur la mansuétude de
Louis XIII. •
   En dépit de cette répression terrible, la force de l'habitude reprit
le dessus, et quand le jeune Louis XIV monta sur le trône, la
manie du combat singulier était dans toute sa vigueur. Pendant les
huit années de la régence d'Anne d'Autriche, plus de quatre mille
gentilshommes périrent de la sorte. Louis XIV s'appliqua à com-
battre ce préjugé désastreux pour l'Etat non moins que pour les
familles, et il eut plein succès dans sa tentative. Pour atteindre son
but, deux moyens principaux furent par lui employés : une sorte
de ligue qu'il forma pour l'abolition du combat singulier, et la r i -
gueur des édits. En entrant dans cette ligue, à la tête de laquelle
il se plaça et dont ne tardèrent pas à faire partie les plus honnêtes
gens, comme on disait alors, le récipiendaire devait signer la dé-
claration suivante : « Les soussignés font, par le présent écrit,
déclaration publique et proclamation solennelle de refuser toutes
sortes d'appels et de ne se battre jamais en duel pour quelque cause
que ce puisse être, et de rendre toute sorte de témoignage de la
détestation qu'ils ont du duel, comme d'une chose tout à fait con-
traire à la raison, au bien et aux lois de l'État, et incompatible
avec le salut et la religion chrétienne, sans pourtant renoncer au
droit de repousser, par toutes voies légitimes, les injures qui leur
seraient faites, autant que leur profession et leur noblesse les y