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<* 614 LA REVUE LYONNAISE HISTOIRE DE LA REVOLUTION racontée aux petits enfants, par CHAULES D'HÉRICAULT. — Paris, 18S4. Gaume et Gie, rue de l'Abbaye, 3. — Du vol. in-13, illustré. Prix. : 3 francs. M. d'Héricault, ennemi implacable de la Révolution, la combat sans trêve ni relâche. Désireux d'en inculquer la haine aux petits enfants, il leur en raconte l'histoire dans ce livre écrit d'un style simple et familier, où il leur parle une langue accessible à leurs jeunes intelligences. Approuver, discuter, ou faire seulement des réserves sur le fond même du livre, n'est point mon affaire: il me faudrait donner mon appréciation sur laRévolution, ce qui serait peut-être assez long, et à coup sûr fort peu intéressant pour le lec- teur, chacun ayant ou croyant avoir là -dessus une opinion avec ou sans motifs à l'appui. Mais il m'est permis, et je le fais de grand cœur, de louer le talent d'exposition, le bon sens et la modération réelle des idées de M. d'Héricault. Dans les principes de 89, il y a de bonnes choses; mais ce qu'il y a en eux de meilleur, l'auteur le dit avec raison, c'est ce qu'ils ont emprunté à l'idée chrétienne et au génie propre aux Français. Ils n'ont point eu le mérite d'innover. Sur cette question, comme sur les autres, M. d'Héricault demeure loin de l'exagération, bien que les ex- pressions dont il se sert puissent sembler quelquefois un peu vives. Son excuse serait, si toutefois il en avait besoin, dans la légitime aversion que lui inspire le caractère hypocrite, impie, tyrannique du jacobinisme, à quelque époque de son histoire qu'on l'envisage. Assez de gens s'efforcent d'enguirlander la guillotine : il est bon de la montrer dans sa hideuse nudité, et d'arracher le laurier dont des sectaires ou des imbéciles ont couronné les scélérats de 93. Le montrer, le faire comprendre à tous, comme a fait l'auteur de la Révolution racontée aux petits enfants, est peut-être le meilleur moyen de prévenir le retour de semblables excès. C H . L A V E N I R . THEOPHRASTE RENAUDOT d'après des documents inédits, par G. GILLES DE LATOURETTE. La Gazette.— un Essai de faculté libre au dix-septième siècle. — le Bureau d'adresse. — L°.s Monts-dc-Piétê, les Consultations chari- tables. — Paris, E. Pion, Nourrit et Gie, 1884, in-8, 316 pages. Ce livre est du plus sérieux intérêt et traite d'institutions importantes dont l'origine est généralement peu connue. C'est aussi la douloureuse histoire d'un de ces hommes bien doués, guidés uniquement par leur ardent amour pour l'hu- manité et qui n'ont d'autre souci que le soulagement de la misère publique, mais que leur siècle ne comprend pas, qu'il traite dédaigneusement d'idéologues, qui meurent abreuvés de dégoûts, et qui eussent pu vivre riches, s'ils eussent voulu tirer de leurs inventions autre chose que l'assistance des malheureux ou transiger avec la vérité, en faisant chorus avec les savants officiels. Du nombre de ces hommes d'élite est aussi Théophraste Renaudot ; quelques lettrés ont par- fois prononcé son nom, mais c'est un inconnu pour la généralité du public, et cependant il ne mérite pas cet oubli ; il a été toute sa vie l'ami du pauvre, il n'a songé qu'à lui créer une existence meilleure et exempte de ces cruelles privations