page suivante »
CORRESPONDANCE Monsieur le Directeur, En lisant dans le numéro de la Revue lyonnaise du 15 octobre dernier les très intéressantes Pensées de M. J. Roux, j'ai parti- culièrement remarquée celle-ci, que je trouve excellente à tous égards : « L'étymologie, la véritable ètymologie, est bonne et utile. Elle profite au grammairien, au poète, à l'orateur, à l'historien, au philosophe. Les mots sont des coquilles. Ouvrez la coquille, vous trouverez l'amande qui vous délectera. » Mais pourquoi faut-il que le judicieux penseur ait voulu passer de l'apologie à la mise en œuvre ? Dans les quelques etymologies qu'il donne et dont il essaie de tirer un parti historique ou philo- sophique, il n'a réussi à faire voir qu'une chose, à savoir, il faut bien le reconnaître, que la science dont il fait un si juste éloge est encore moins française que la géographie elle-même. Pour qu'un homme aussi expert aux choses littéraires se montre à ce point mal renseigné sur l'histoire des mots, il faut que cette histoire soit ignorée chez nous, même de ceux que la direction de leurs études et la distinction de leur esprit appelleraient à la mieux connaître. C'est une constatation qu'il n'est pas inutile, ce me semble, de faire, ne serait-ce que pour attirer l'attention sur cette lacune de notre haute culture intellectuelle. M. Roux lui-même me pardon- nera donc, je l'espère, en faveur de l'intention, les observations critiques que me suggèrent les etymologies qu'il propose ou qu'il rappelle. « Bellum,ce qui est beau ; pulchrum (nolu /et'p), ce qui est beau... Ces deux etymologies, dit M. Roux, c'est tout le peuple romain. »