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G12                      LA R E V U E      LYONNAISE

admirer la réponse de l'abbé : « Que diriez-vous d'un médecin qui se mettrait en
colère à la vue des maladies? Les méchants sont nos malades, à nous autres
prêtres, et nous ne pouvons décemment maudire, notre clientèle ! »
    Et en politique?... Ne voit-on pas passer ici un petit bout d'oreille réaction-
naire? « Un jour passe un individu du dernier commun, laid, ébouriffé, fortsalo
et vautré dans uno voiture comme un ivrogne qu'on ramène. Je dis : — Voyez
ce butor ! — On me répond : — C'est un ministre, et on m'assure qu'il est à
jeun !
    Que dire des conseils que la baronne d'Orchamp donne à son neveu à l'occa-
sion de son mariage ? La plume de M m e Sévigné ne rougirait pas de les avoir
écrits. Il y a là dix pages de prévoyante sagesse, -qui, appliquée, serait capable
de retourner l'univers. Qu'on nous permette d'en citer quelques-uns.
    « Prends dès l'abord une bonne allure qui te mène loin et sûrement. Sois avec
 elle, dès la première heure, ce que tu pourras être, non pas toujours, mais bien
 longtemps. — Elle s'abandonne, se livre tout entière la chère petite, tu peux
tout sur elle; n'abuse pas de ces pleins pouvoirs et sois prudent pour d e u x . —
Rien n'est plus naturel que d'oublier l'être aimé au milieu des transports dont il
 est soi-disant l'objet. Tels ces avocats, qu'emporte l'éloquence, et qui, dans la
fougue de leur plaidoyer, ne savent même plus le nom de leur client. Tâche de
 songer à elle avant tout : ton cœur et ton esprit te diront le reste. — Aimer,
aimer !... mais, vertuchoux, cela veut-il dire qu'on est aimable?
    « Crois-moi, mon enfant, sois discret et prudent: laisse au cœur de ta petite
femme le temps de comprendre et goûter, de vivre sans surprise, ou du moins
sans effroi!... »
    « Résiste à la sotte vanité de l'éblouir par tes révélations ; ne l'écrase pas de
ta jeune expérience. »
    « Le difficile en ménage, c'est lorsqu'on n'est encore qu'amants, de ne pas
perdre de vue qu'on pourra devenir amis, et plus tard, lorsqu'on est amis, de se
souvenir qu'on a été amants. »
   Mais arrêtons-nous, pour être juste il faudrait tout transcrire. L'ouvrage de
Droz vient comme la rose sur les épines au milieu des publications malsaines
 qui, de nos jours, encombrent les librairies. Il est si peu naturel à présent de
trouver un livre bien écrit, spirituel, que ne dépare pas une pointe de philoso-
phie, et que surtout, qualité rare, on puisse placer entre toutes les mains! Ce
livre fera marque, nous n'en doutons pas, et le meilleur conseil que nous puis-
sions donner à nos lecteurs, est de le lire, de le comprendre et de le mettre en
pratique.                                                  G. DE R I L L I E U X .




      ESSAI D'UN COMMENTAIRE SCIENTIFIQUE DE LA GENÈSE, par A. DE
       CHAMBRUN DE ROSEMONT. Paris, Lévy, J883. — Un vol. in-8. 527 pages.

  Les lecteurs de la Revue Lyonnaise connaissent déjà par le compte rendu des
séances de notre Académie, et par l'étude qu'y a consacrée ici même, en sep-
tembre et octobre 1881, notre savant collaborateur, M. Hignard, le nouvel ou-
vrage'de M. de Rosemont. L'auteur, à cette époque, n'en avait fait qu'une édition
d"essai, destinée aux savants et aux amis dont il cherchait à provoquer les
observations et les encouragements; le public auquel il l'offre aujourd'hui, ne