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206 LA REVUE LYONNAISE E, d'un balet, que vei? Lou pople de Longour Qu'omeiraper las ruas, e trépida, e s'escour! Pastre, merchan, bourges udolon; « Gara! gara! gara! » Lou quite gabarier laissa aqui sa gabara ! Gharlemanha a pâlit; Charlemanha se leva, Ni la lengua per el, ni la chanson n'es nueva : « Eh que? las genz delNort auzarian?... » Mas, batels Remonton la Dourdounha, autz cou ma dels chastels, L'un parier d'un dragou, l'autre d'una balena, L'autre pariez d'un cinhe ; e l'escadra coulena, E s'enansa, e s'espazia, e, de tan que s'acreis, Lou cours de la Dourdounha al regnart dispareis, « Abour4atz! » dis Rollon, qu'entre toutz l'an destria, Belet d'aquel Rollon qui prendra la Nostria. Remonton la Bourdounha, autz coumadels chastels, L'un parier d'un dragou, l'autre d'una balena... Gharlemanha se quilha inmense, l'ama plena D'amarour, e gandis soun mantel, e tenen Sa Jouiousa... autrescops, sa Trista mantenen, S'escrida : « Gharlemanha!! », e brandis soun espaza Al rebat del soulelh qui sembla que l'abrasa ! Meravilhous efet del geste emais del crit ! Roi ablauvit, treblat sabpus ounta l'esprit ; E tout aco destrenh, e tout aco descampa ; par les rues, et frémit, et s'écoule 1 Pâtres, marchands, bourgeois hurlent: « Gare! gare! » Le gabarin lui-même abandonne sa gabarre! Gharlemagne a pâli ; Gharlemagne se lève ; ni cette langue, ni ce chant ne lui sont inconnus : « Hé quoi! les hommes du Nord oseraient?..». Mais des bateaux remontent la Dordogne, hauts comme des citadelles, l'un semblable à un dragon, l'autre à une baleine, un autre à un chien, à un cygne; et l'escadre glisse, et s'avance, et s'étend, et se multiplie si fort que le cours de la Dordogne en disparaît au regard! « Abordez ! » dit Rollon, que l'on distingue parmi tous, ancêtre de ce Rollon qui s'emparera de la Neustrie. Ils remontent la Dordogne, hauts comme des citadelles. L'un semblable à un dragon, l'autre a u n e baleine... Gharlemagne se dresse im- mense, l'âme pleine d'amertume, et il écarte son manteau, et, saisissant sa Joyeuse, ou plutôt sa Triste, maintenant, il s'écrie : « Gharlemagne ! !» et il brandit son épée au reflet dû soleil qui semble l'embraser ! Merveilleux effet du geste et du cri ! Roi ébloui, troublé, ne sait plus où il a l'esprit ; et tout ce monde vide la place, et tout