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LES CHAMBRES DE MERVEILLES 199 que l'heureuse situation de l'endroit où l'on propose de construire cet observatoire facilitera bien plus les observations et fournira plus de commoditez que l'Observatoire de Paris ». Cette allégation peut paraître un peu hasardée, car l'épais brouillard qui couvre Lyon pendant six mois de l'année comme d'un noir linceul, semble de- voir rendre bien difficile l'étude du firmament ; cependant, d'après Pernetti (t. II, p. 142), « l'Académie des sciences de Paris aurait eu plusieurs fois recours à l'Observatoire de Lyon. » Le P. Saint-Bonnet était depuis longtemps professeur de ma- thématiques appliquées aux arts et à la physique, et a compté à Lyon un grand nombre d'élèves distingués. Son dévouement à la science lui fut fatal. Se trouvant un jour sur les échaffaudages établis pour la construction de l'Observatoire, il fut renversé par la corde d'une grue et se cassa la cuisse en tombant. Il mourut quel- ques jours après, en 1703, âgé d'environ soixante ans. Son œuvre lui survécut et il eut, entre autres, pour successeurs, le P. Béraud, né le 5 mars 1702 et mort le 26 juin 1777, et les PP. Bovet, Billet et Roubiès 1. Pendant le mémorable siège de Lyon, ces trois reli- gieux suivaient du haut de leur Observatoire, avec leurs télescopes, les mouvements de l'armée assiégeante et les signalaient à l'héroïque général défenseur de Lyon. Dénoncés bientôt après aux comités de la Révolution par le portier du collège, les PP. Bovet et Billet furent fusillés dans la plaine des Brotteaux le 5 frimaire an II par les soldats du général Deleage qui avait le triste courage de se prêter à ces horribles exécutions, et la tête du P. Roubiès roulait sur l'échafaud en même temps que celle du P. Janin, augustin, le célèbre antiquaire. La Révolution ne manqua pas non plus de détruire le bel Obser- vatoire créé par le P. Saint-Bonnet. Les commissaires envoyés par la Convention pour enlever et transportera Paris les plus beaux monuments d'art de l'ancien grand collège s'emparèrent, entre 1 Parmi les aslronomes distingués que le grand collège de la Trinité a comptés au dernier siècle, il est juste de placer aussi J.-B. Duclos, né à Lyon, en 1695, mort à A.ix le 26 juillet 1743. Il a écrit, entre autres, un Mémoire quiapourlitre : Idées de physique qui peuvent servir de principes à l'astronomie. Son frère Claude- Marie Duclos, aussi jésuite, est mort dans les missions de l'Afrique, victime de son dévouement.