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418                         LA R E V U E L Y O N N A I S E

que le Pour et le Contre. Tout le monde devrait connaître ces deux opinions
d'amateurs contemporains sur l'état de l'Art en France. Cette causerie est
l'image fidèle des divisions artistiques les plus fréquentes et les mieux justifiées.
L'art moderne, dit l'un, se ruine-t-il oui ou non dans la mièvrerie et le commerce?
   La question n'est pas là, répond l'autre, le commerce s'unissant à l'art rend-il
un vrai service à tous ?
   Nous laissons entrevoir, sous ces interruptions, le parfait intérêt du livre de
M. Ed. Bonnaffé ?                                           PAUL MARIÉTON.



      GRANDEUR ET DECADENCE D'ALI-HOURCHID-BEY. — Épisode de la ré-
       volution grecque, publié en grec en 18S2 et traduit en français par l'auteur
       B. Nicolaïdy, chef de bataillon du génie hellénique, officier de la Légion
       d'honneur. — P a r i s , Firmin-Didot et Cie, 1883. — 1 vol. in-18 Jésus. Prix :
       3 fr. 50.

   M. Nicolaïdy n'est point un inconnu pour les lecteurs français ; il a publié, il
y a quelques années, un remarquable ouvrage sur les Turcs et la Turquie           con-
 temporaine,    qu'on n'a certainement point oublié ; il est de plus l'auteur d'une
grammaire française-grecque fort complète. Le livre qu'il présente aujourd'hui
au public est l'histoire curieuse de sa jeunesse ; il l'a écrit en grec et l'a traduit
lui-même en notre langue, conservant à son œuvre a toute sa saveur et tout son
parfum», dit M. Cherbuliez dans la préface qu'il a m i s e e n tête de ce volume.
   Tout le monde a vu au Musée du Louvre le tableau de Delacroix, représentant
le massacre de Chio. C'est au jour des scènes épouvantables reproduites par ce
chef-d'œuvre que commence le récit de M. Nicolaïdy. Au milieu de ces horreurs
où se donna libre carrière le fanatisme musulman, l'auteur, alors tout petit en-
fant, fut enlevé avec sa nourrice. Il passa ses premières années dans les harems,
élevé dans la religion de Mahomet par un pacha qui l'avait presque adopté pour
son fils. M. Nicolaïdy soulève un coin du voile qui dérobe à nos regards profanes
les mytères des gynécées orientaux : les détails qu'ils nous donne sont des- plus
intéressants, mais en même temps notre curiosité excitée voudrait en savoir d a -
vantage et lui reproche de n'être pas complet. Au demeurant, s'il eût voulu tout
dire, il aurait peut-être été obligé d'user de l'idiome auquel Boileau attribue assez
singulièrement ce privilège particulier.
   M. Nicolaïdy, qui fait au lecteur sa confession, se représente à lui, parvenu
à l'âge de dix ans, et déjà orgueilleux, emporté, cruel, ne faisant nul cas de la
vie d'un homme, surtout quand cet homme est un chrétien. Et, en vérité, l'on ne
songe point trop à s'étonner d'un pareil résultat, quand on se rappelle les deux
dogmes fondamentaux du Coran qui ont présidé à cette éducation, fatalisme et
matérialisme, principes destructeurs de toute idée morale.
   Un concours de circonstances heureuses finit par rendre l'auteur à sa mère
qui ne parvint à le ramener à la vraie foi qu'après une lutte longue et acharnée,
dans laquelle elle dut faire appel aux inépuisables ressources de la charité chré--
tienne et de la tendresse maternelle.
   C'est à cette époque que s'arrête ce piquant récit, au terme duquel on arrive
sans lassitude et avec le seul regret de tourner sitôt la dernière page. Il y a
dans ce volume une saveur originale bien faite pour plaire au lecteur délicat.
M. Nicolaïdy a su y mettre « l'odeur pénétrante de la petite plante de basilic que