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                     UN P R O C E S C R I M I N E L A L Y O N                      43
Lanchenu, sa femme et ses domestiques mis sous la garde du Roy, des justices,
du prévost et échevin de la ville de Lyon. Cela veut dire :
                Discite justitiam   moniti   et non temnere   divos.
   « Les juges sont M. Dugué, intendant de cette ville, M. de Besson (deBezons),
intendant de la province du Languedoc, M. de Fita, procureur du Roy aux
requestes de l'hostel, M. de Rochemore, président à Nismes, avec cinq conseillers
dudit présidjal de Nismes. Jamais an-est n'a esté rendu si sévère contre le plus
homme de bien, d'honneur et de vertu du royaume. Il peut dire que periit,
quia Lanchenu non periit.
   « Ce Lanchenu est un homme tiré de la lie du peuple de Paris, qui s'est
eslevé peu à peu, mais ayant l'appui de M. de Colbert, qui possède le Roy et le
Royaume, il a fait faire un exemple de justice pour demie douzaine de coups
de baston qu'il a reçus et qu'il méritoit bien, que la postérité ne pourra jamais
croire.
   « Ceux qui donnèrent les coups de baston, qui estaient de la compagnie des
 arquebusiers de la ville, qui estaient huict, ont esté condamnés a estre roués vifs ;
mais Dieu grâces, ce n'a esté qu'en peinture, parce qu'ils se sont absentés.
   « Le grand prévost, qui estoit M. d'Aillier, gendre de M. Blauf, accusé
d'avoir fait les premières informations, que l'on disoit avoir changé, moyennant
cent pistoles, quoiqu'il n'y ait eu aucune preuve, a failli estre pendu, a esté néan-
moins condamné à 500 livres d'amende envers le Roy, à un bannissement de
5 ans hors la sénéchaussée et à se défaire de sa charge dans 6 mois, à peine d'estre
confisquée au Roy.
   « M. Prost, échevin, quoiqu'il ait esté favorisé des juges p a r M . de Sève, son
oncle, grand ami de M. de Fita, condamné d'estre jamais capable de posséder
aucune charge dans la maison de ville (il a esté bien heureux d'en esfre quitte à
si bon marché).
   « Tous les juges qui ont conclu à l'élargissement du maictre bathelier, qui
avoit passé lesdits soldats mulctés, Messieurs du Saulsay (du Sauzey), lieute-
nant particulier, M. Charrier, assesseur criminel, et M. Galliac, advocat du
Roy, cités à Paris et de là mis dans la Bastille, où ils demeurèrent.
   « M. Praslon, conseiller, réprimandé et interdit pour 3 mois de sa charge.
   « M. Cachet, conseiller et très honneste homme, léprimandé et interdit de
sa charge pour un an, et depuis enjoint à l u y de s'en défaire et immérité. »