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                   BIBLIOGRAPHIE

      VICTOR HUGO avant 1830, par EDMOND BIRÉ. — 1883. Paris, Jules Gervais,
       libraire-éditeur, 23, rue de Tournon ; Nantes, Emile Grimaud, imprimeur-
       éditeur, 4, place du Commerce. — Un vol. in-12.— P r i x : 3 francs.

   La critique s'est fort occupée du livre de M. Edmond Biré : Victor Hugo
 avant 1830. M. Brunetière, dans lu Revue des Deux-Mondes du 1 er mai 1883, M. de
Lacombe dans le Correspondant du 10 juillet 1883, en ont fait l'analyse et l'ont
examiné longuement. Aussi bien mérite-t-il cette discussion approfondie tout à
la fois par l'intérêt du sujet, par le soin remarquable avec lequel il a été traité,
et par l'impartialité qui a présidé à sa composition.
   Dispersit superbos : voilà l'épigraphe que je proposerais d'inscrire au fron-
tispice de ce livre, si la mode était encore aux épigraphes. Sous l'effort des re-
cherches consciencieuses de M. Biré, la légende vaniteuse des premières années
de Hugo s'écroule pièces par pièces, ses prétentions généalogiques s'effondrent ;
les anecdotes toutes à sa louange qu'il lui a plu de donner comme de l'histoire,
tombent devant les faits et les dates, l'auréole dont Olympio a ceint son front
s'assombrit et ses rayons s'effacent. La vanité, qui, dès l'enfance, fut le défaut
capital du grand poète, s'étale toute nue. De cette étude, l'homme sort amoindri ;
ses ingratitudes, ses variations qui n'ont d'égales que ses empressements à se
prosterner devant tous les soleils levants, ses mille petites bassesses sont dévoi-
lées. Il est des gens qui veulent voir dans le nom d'un homme un symbole de sa
destinée: si je partageais cette croyance, ne me serait-il point permis de trouver
dans ce prénom de Victor le présage du dédain superbe des causes vaincues et
le culte servile de la^fortune? Le pensionné suppliant et reconnaissant des rois de
France est devenu le sénateur démagogue que l'on connaît. Hugo n'a jamais su
demeurer fidèle au malheur ; mais à la multitude, dispensatrice de cette popula-
rité qu'il ambitionne, il ne cesse de prodiguer l'encens. Châtiment de l'orgueil !
Dieu n'a pas fait à cet homme la grâce de mourir à temps. Quelle gloire eût
accompagné son nom si le destin avait brisé sa plume, après qu'elle eût achevé les
chefs-d'œuvre immortels qui sont dans toutes les mémoires. 11 a vécu. Après les
Orientales toutes ensoleillées, après les mélancolies des Feuilles d'automne,
des Chants du crépuscule, a débordé l'avalanche des rapsodies fastidieuses que
déverse chaque année sur la France sa veine malheureusement pour lui trop fé-