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                       SOUVENIRS D'ALGKR                            539

planter dans le foie, et y a produit un abcès dont la section trans-
versale a les dimensions d'une pièce de cinq francs en argent.
Plusieurs autres sont accolées aux parois de l'intestin grêle, le
colon descendant en contient une. Ces pointes sont toutes plus ou
moins décomposées- par les acides intérieurs, quelques-unes sont
réduites aux proportions d'une grosse épingle. Le malade qui con-
naissait, à n'en pas douter, l'existence de ce dépôt de ferraille dans
son tube digestif, a eu l'orgueil stoïque et bête de n'en pas souf-
fler mot. De cette observation résulte que certains Aissaouas ab-
sorbent parfaitement les clous, mais qu'ils les digèrent mal. Déci-
dément, il n'y a plus de miracles.


    Ce n'est pas chose facile que de se procurer des chansons
 arabes, elles s'envolent sans que personne songea les recueillir et
 à les imprimer. Voici quelques couplets notés dans les cafés
 maures à leur sortie du gosier de l'artiste; la poésie n'y ouvre
 pas des ailes bien larges; l'originalité de l'expression est contes-
 table, que leur authenticité les excuse.
    « Pourquoi, ô mes oncles, me reprochez-vous d'aller voir Ya-
 mina? On peut adresser des reproches au négligent, au paresseux,
 au lâche, au méchant, à l'amoureux des courtisanes, mais celui
qui recherche une honnête fille d'une honnête famille n'en mérite
aucun. Vous avez été jeunes, ô mes oncles, vous avez aimé, le sou-
 venir de vos anciennes ardeurs devrait vous rendre indulgents
pour les miennes. Si quelqu'un doute de la beauté d'Yamina, qu'il
se rende auprès d'elle, il verra si la plus brillante des étoiles peut
lui être comparée. Je lui resterai fidèle ; que Dieu détruise les
tentes de ceux qui veulent nous séparer ! »
   « Celle que j'aime ressemble à une lune qui se lève, elle a la taille
svelte d'un arbuste des jardins; celle que j'aime est la reine des
jeunes vierges. Le jour je suis son esclave, et, la nuit, l'esclave de
son ombre. Elle a mon cœur, qui sait où est le sien? Quand vien-
dra-t-elle s'asseoir avec moi dans les bosquets parfumés d'où on
voit la mer? Elle est fraîche comme une fleur; sur son front tom-
bent des boucles noires comme l'aile du corbeau, ses sourcils se
rejoignent gracieusement en forme de « noun » (lettre arabe o ) ;