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402 LA R E V U E LYONNAISE «Mon Dieu Sauveur !... —Ton Dieu? tu me rends tout colère; « Bénis Jésus-Christ seul... Eh! qui vivrait sur terre « Sans l'eau de son côté qui lave et régénère?... — « Baptisez-moi, tôt, tôt! — Ta demande? — Est sincère. « Puis, vous baptiserez celle que je préfère, « Ma Flora, mon bonheur! » Sa Flora, son bonheur, gît au pied de la Tour, Du gouffre repêchée à la pointe du jour. Quel spectacle pour toi, vieux Nerva, quel bonjour ! Qui dira ta douleur, fils d'Arnol, à ton tour? Quand, pour la saluer, sans rien savoir, il court. Ce qu'il voit tout d'abord, c'est Flora, son amour, Sans voix, sans vie!... — « Apôtre, Apôtre, au noir séjour « Pourquoi m'arrachais-tu?... —Jésus-Christ n'est pas sourd; Dit le saint d'un air doux; à sa bonté recour! » Et l'amant se prosterne. Et l'amant se prosterne, et l'Apôtre s'écrie : « Ennemi du Seigneur, Satan, bête haïe! « Tu l'as trop fait souffrir, va, tu l'as trop meurtrie, « La pauvre humanité par Jésus-Christ guérie ! « Allons! dehors!... Mais toi qu'a tout à coup saisie, « T'arrachant, te broyant, la bourrasque en furie, « Flora, par la vertu du Christ qui t'a choisie, « Rouvre les yeux, revis! » Elle rouvre les yeux, elle revit, Flora! Quel cri de son André, dont la maison vibra ! Et quels frémissements d'Arnol et de Nerva ! Tout le peuple, accourant vers Martial, clama : « Jésus-Christ est seul bon, seul grand, seul Dieu! Déjà « Nous n'adorons que Lui que ta voix révéla ! « Nous sommes tous chrétiens! Dans cette eau que voilà , « Grand Saint, baptise-nous!... «C'est fait !... De ce jour-là Tulle à Satan renonce!... et cela durera, Combien? qui le saura ? C. HENNION. Août 1883.-