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388 LA REVUE LYONNAISE HISTOIRE-HISTORIENS i L'histoire bien comprise donne quelque chose de l'expérience qu'acquerrait un homme contemporain de tous les âges et conci- toyen de tous les peuples. Les anciens firent de l'histoire un panégyrique; nous en avons fait un libelle. L'empei'eur Auguste, placé à table entre Virgile asthmatique et Horace chassieux, disait en riant : « Je suis entre les soupirs et les larmes! » Hélas ! qui n'est assis entre ces deux convives au banquet de la vie ? * Les Grecs disaient aux étrangers : « Barbares ! » Les étrangers répliquaient : « Enfants ! » Nous, Français, ne sommes-nous pas quelque peu ces Grecs en Europe ? + Le héros émerveille, mais l'homme intéresse. * ANNIBAL, qu'il est hardi, et prompt, et tenace! Voulant tuer la puissance romaine, il ne la frappera point aux extrémités, il la frapperaen plein cÅ“ur ! D'un bond il franchit des fleuves tels que l'Ebre et le Rhône, et traverse des montagnes comme les Pyrénées et les Alpes. Son expédition d'Italie n'est pas une aventure, mais un plan de campagne qu'il a froidement médité, et qu'il accomplira résolument. Appauvri de troupes, déserté de Garthage, il campe treize ans au milieu de l'Italie, aussi inébranlable dans la défense qu'il fut irrésistible dans l'attaque. Seul, étranger, il tient tête Ã